Décryptage

Et si la chimie pouvait se passer du pétrole ?

Posté le 5 juillet 2015
par La rédaction
dans Chimie et Biotech

Bien que les réserves de pétrole soient suffisantes pour encore plusieurs dizaines d’années, les entreprises se tournent petit à petit vers des solutions alternatives afin de limiter l’utilisation d’hydrocarbures. Un mouvement durable pour anticiper un futur sans pétrole.

« Biosourcé », « biocarburant » ou encore « chimie verte », autant d’expressions que l’on entend de plus en souvent dans l’univers industriel.

Et pour cause, nombreuses sont les entreprises qui investissent dans de nouvelles technologies ou process avec en ligne de mire le remplacement du pétrole.

Ainsi, Michelin travaille sur l’utilisation de ressources naturelles pour la fabrication de pneumatiques. Aujourd’hui, alors que 25% de ses pneus sont déjà constitués de matière première renouvelable, le français veut faire mieux et étudie de très près des mélanges à base de caoutchouc et de résines naturelles par exemple.

Une démarche en cohérence avec une politique résolument tournée vers les énergies renouvelables, Michelin ayant déjà recouvert les toits de ses usines de panneaux solaires. Michelin prévoit aussi de produire du butadiène biosourcé dès 2020.

Du côté de l’alimentaire, Danone donne le la. Après avoir lancé un pot de yaourt en PLA dès la fin des années 90, qui fut un échec commercial, Danone a réessayé en 2009 avec la gamme Activia. Cette fois fut la bonne et sa gamme Actimel est elle aussi commercialisée dans des pots issus de bioéthanol. Sous les couleurs de Volvic, Danone propose aussi une bouteille d’eau d’origine végétale dont l’emballage est biosourcé à 20%.

Même Total s’y est mis

En partenariat avec Avantium, Danone développe de l’acide 2,5-furane dicarboxylique (FDCA), un monomère qui permet de fabriquer du polyéthylène-furanoate (PEF) qui pourrait bien remplacer le PET dans un futur proche. L’univers des cosmétiques s’implique tout autant dans une démarche de chimie verte. L’Oréal est fermement engagé dans cette dynamique avec 55% de ses matières premières estampillées renouvelables en 2011.

Son concurrent Unilever est lui aussi lancé dans cette course à l’indépendance des hydrocarbures et annonce que 100% de ses matières premières seront d’origine renouvelable en 2020. Même Total s’y est mis. Conscient que le pétrole est une ressource limitée, le géant pétrolier se tourne vers la production de carburants liquides comme le biodiesel et le biokérosène. Total vient d’ailleurs d’annoncer la reconversion de sa raffinerie de La mède basée en Provence en centre de production de biocarburants

Le virage de nombreux industriels vers le biosourcé s’inscrit dans une démarche à long terme, avec des temps de développements très long. Mais l’omniprésence des hydrocarbures s’effrite petit à petit, pour laisser la place à des produits plus « verts ». Finalement, l’après pétrole se fera peut-être avant l’épuisement de cette ressource fossile, grâce à une transition énergétique bien anticipée par les industriels.

Par Audrey Loubens

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