Tribune

IA & Développement : pourquoi la vraie révolution n’est pas la productivité

Posté le 25 juillet 2025
par La rédaction
dans Informatique et Numérique

Après des mois d'expérimentation intensive des derniers outils d'IA pour le développement (de GitHub Copilot à Cursor, en passant par les modèles Claude 4 ou Gemini 2.5Pro), il convient de dépasser la simple mesure de la productivité. Le véritable impact de cette vague technologique n'est pas tactique, il est stratégique. Il ne rebat pas seulement les cartes de la production logicielle, mais celles de la structure même de nos équipes et de la valorisation de nos talents.

Le paradoxe de la productivité et la dette cognitive

Le premier constat est unanime : la vitesse d’écriture du code a explosé. Cependant, cette accélération a déplacé le goulot d’étranglement. Il n’est plus technique, mais cognitif. La charge mentale requise pour la revue de code a atteint un niveau sans précédent. Valider la pertinence, la sécurité et la cohérence architecturale d’un volume de code généré par IA est une tâche immense.

Le risque est connu : c’est l’application à grande échelle de la « théorie de la vitre brisée ». Une approximation validée par un humain pressé devient un pattern acceptable, que l’agent zélé répliquera à l’infini, propageant une dette technique insidieuse. La solution ne peut donc être qu’holistique : il faut aussi utiliser l’IA pour maîtriser l’IA, avec des agents d’analyse de MRs, apte à valider qualité, sécurité et cohérence et une discipline de fer sur les critères d’acceptance.

La triple mutation du rôle de l’ingénieur

Cette nouvelle donne impose une profonde mutation des compétences. La valeur de l’ingénieur ne réside plus dans sa capacité à produire, mais dans sa faculté à piloter. Cela se décline en trois rôles majeurs.

L’impact organisationnel : le grand remaniement des compétences

Ce pivot des compétences entraîne inévitablement un remaniement de nos organisations. C’est peut-être là que se situe le plus grand défi pour les leaders techniques.

En conclusion, l’ère de l’ingénieur augmenté nous force à devenir des leaders plus exigeants. La vraie performance ne se trouve pas dans la vitesse brute, mais dans notre capacité à cultiver un environnement où la vision architecturale et la critique humaine priment. C’est en investissant dans ces fondamentaux, et non dans l’apprentissage des derniers prompts, que nous tirerons une véritable valeur stratégique de cette révolution.

Nicolas Prud’homme, CTO d’ekino


Pour aller plus loin