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Intelligence artificielle : l’Europe ne fait pas le poids face aux Américains et Chinois

Posté le 12 mai 2022
par Philippe RICHARD
dans Informatique et Numérique

Selon SKEMA PUBLIKA, l’IA est un écosystème dans lequel les acteurs s’imbriquent les uns aux autres et s’approprient les technologies. Mais les États-Unis et les puissances asiatiques comptabilisent à elles seules près des trois quarts du marché de l’innovation IA !

L’intelligence artificielle n’est donc plus un buzz word ! L’IA est une réalité pour les entreprises et ce sera encore plus le cas dans les prochaines années. Selon un rapport d’IDC publié en mars 2022, les recettes mondiales du marché de l’intelligence artificielle (IA), y compris les logiciels, le matériel et les services, devraient augmenter de 19,6 % (en glissement annuel) en 2022 pour atteindre 432,8 milliards de dollars.

Mais l’Europe et la France n’en récolteront-elles que des miettes ? C’est ce que laisse à penser une note du think tank SKEMA PUBLIKA et intitulée : « L’intelligence artificielle : un sujet politique ».

Publié à l’occasion du « World Artificial Intelligence Cannes Festival », qui s’est tenu à Cannes le 14 avril dernier, ce document s’appuie sur le rapport « L’intelligence artificielle : technologies et acteurs clés » (Édition 2022), rédigé par Ludovic Dibiaggio (SKEMA Business School), Mohamed Keita (data scientist) et Lionel Nesta (Observatoire français des conjonctures économiques à Sciences Po).

Aucune entreprise française dans le top 20 mondial

Principal constat, sur les 30 dernières années, le trio de tête des pays qui ont le plus déposé de brevets est composé des États-Unis (30 %), de la Chine (26 %) et du Japon (12 %). La France arrive loin derrière avec 2,4 %. L’Allemagne et le Royaume-Uni faisant mieux, respectivement 5 % et 2,5 %.

Concernant les entreprises propriétaires de brevets IA sur cette même période, IBM est le leader incontesté avec presque 16 000 brevets. En seconde position, on retrouve Intel avec plus de 14 000 brevets. Samsung, le géant coréen de l’électronique, est classé troisième avec 13 243 brevets, suivi de l’américain Microsoft et du japonais NEC.

Dans le top 20 des acteurs les plus importants de l’IA, on trouve cinq Américains (les trois précédemment cités ainsi que Google et Ford), deux Coréens (Samsung et LG Group), deux Chinois (State Grid Corporation of China et Huawei), un Allemand (Siemens) et un Néerlandais (Philips).

Aucune entreprise française ne figure dans ce classement mondial des acteurs privés. Thalès, qui est la première entreprise française en nombre de brevets, est classé en 37e position mondiale avec presque 3 000 brevets. C’est cependant le quatrième acteur privé européen, très loin des 7 576 brevets de Siemens et l’Allemand Bosch.

Les 20 acteurs privés européens principaux. Sources : PATSTAT (édition octobre 2020, calculs des auteurs) et SKEMA PUBLIKA

Les neuf autres acteurs présents dans ce top 20 sont japonais. « Les entreprises asiatiques (en particulier celles du Japon) se positionnent comme des acteurs très importants de l’IA, allant même jusqu’à faire de l’ombre aux GAFAM. En effet, si Microsoft et Google sont présents dans ce top 20, il faut aller jusqu’à la 27e place pour retrouver Apple, tandis que Amazon et Facebook se trouvent respectivement à la 42e et 49e place », indiquent les auteurs de ce rapport.

« En termes de spécialisations IA et de part de marché, la France n’apparaît jamais en situation de consolidation de position dominante mondiale, sur aucun des secteurs de la chaîne de valeur liant les sciences aux applications IA. Elle semblait prometteuse sur les techniques liées aux réseaux de neurones, ou dans le domaine des transports, mais sans gain de part de marché depuis les années 2010 », lit-on dans cette note.

La France se concentre autour de l’innovation dans les techniques de systèmes experts, de modèles graphiques probabilistes et d’apprentissage des règles. « La France affiche des faiblesses importantes dans l’apprentissage profond, la logique floue, et dans l’apprentissage par renforcement. Elle est en perte de vitesse par rapport à ses concurrents sur le segment de l’apprentissage automatique », indique SKEMA PUBLIKA.

D’ici 2025, la France a prévu de consacrer 2,22 milliards d’euros à l’IA, dont 1,5 milliard d’euros de financements publics et 506 millions d’euros de cofinancements privés.


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