Le monde de la recherche est en pleine mutation. De nouveaux domaines sont porteurs d’innovation comme l’internet des objets et ses usages au quotidien ou bien l’intelligence artificielle avec ses applications à la conduite autonome ou à la recherche faciale, par exemple. Dans ce contexte à évolution rapide, la recherche doit relever les défis liés à la transformation numérique et au transfert technologique en tenant compte des nouvelles collaborations scientifiques et industrielles et de l’ouverture des données de la recherche.
Les potentialités de la recherche française sont réelles grâce à la créativité de ses chercheurs et à la qualité reconnue de leur expertise, attestées par les brevets déposés et par l’excellence de leurs publications scientifiques. La France participe à de nombreux programmes européens de recherche et à des programmes de développement technologique inventif. Des politiques d’investissement, des actions de coopération recherche-industrie, des synergies avec la défense sont développées et encouragées. Cela engendre de nouveaux modes de valorisation et de nouvelles problématiques de protection intellectuelle et de réglementation. Une plus grande mobilité des chercheurs entre les secteurs public et privé est un atout.
Au niveau mondial, les États-Unis d’Amérique produisent une activité de recherche et d’innovation extrêmement prolifique grâce à une importante -politique d’investissement et à un partenariat fort entre l’académique et l’entreprise. La Chine investit massivement et favorise les recherches universitaires pour prendre la première place mondiale. Elle est entrée parmi les vingt pays les plus innovants : la Suisse est en tête, suivie par les Pays-Bas et la Suède, les États-Unis sont 6e, la France 15e. L’épicentre de cette innovation se déplace vers l’Asie (Chine, Corée du sud, Japon) qui passe d’une production industrielle à une économie axée sur le consommateur et le service.
Dans le contexte de mondialisation, l’Union européenne occupe encore le premier rang mondial dans de nombreux domaines (aéronautique, physique des particules, etc.). Les pays occidentaux sont champions de la compétitivité économique, mais les pays asiatiques le sont pour l’innovation durable dont l’objectif sera de minimiser les impacts négatifs sur les écosystèmes.
La gouvernance de la recherche incite fortement les établissements scientifiques à prendre en compte l’intelligence économique et stratégique. En effet, l’innovation a besoin d’ouverture collaborative et d’échanges multiples, de type entreprises-entreprises ou entreprises-laboratoires. Mais elle a aussi besoin de protéger les savoir-faire innovants et les travaux de recherche prospectifs. Les secteurs innovants font l’objet d’attaques ciblées par le biais de contentieux juridiques ou de tentatives de captation d’informations dont les conséquences peuvent être la perte de maîtrise des technologies, la baisse de la compétitivité ou la perte de confiance auprès des partenaires, sans oublier la destruction d’emplois, etc.
Cet article présente le contexte international et concurrentiel auquel est confrontée la recherche française. Il expose les enjeux de la transformation numérique et de l’innovation. Il détaille l’organisation et la valorisation de la recherche au regard des nouvelles collaborations scientifiques et industrielles, de l’ouverture des données et de l’évolution de la propriété intellectuelle et des réglementations. Il traite ensuite les politiques d’intelligence économique et stratégique et des enjeux de la sécurité numérique, sans oublier la sensibilisation et la formation de tous les acteurs.
Nota : le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire des termes et expressions importants de l’article, ainsi qu’un tableau des sigles, notations et symboles utilisés tout au long de l’article.