Les inclassables

La baisse des consommations d’électricité en Europe implique une gestion nationale rigoureuse du parc électrique de génération

Posté le 5 août 2014
par La rédaction
dans Énergie

Le marché européen de l’électricité, en phase de retrait, ne se prête guère à de grandes manœuvres nationales sur les modes de production et sur le chamboulement du parc des équipements de génération d’électricité desservant le réseau électrique commun ouest-européen.

L’exemple de l’Allemagne, où les grands opérateurs de l’électricité comme E-On, RWE, Vattenfall rencontrent un marché saturé, avec des prix de gros en décroissance, sur des volumes en retrait, doit alerter ceux qui nous dirigent.

Le marché ouest-européen, desservi par les  réseaux nationaux interconnectés adhérents à l’ENTSO-e, avec des livraisons voisines des 3300 TWh, décroissait en 2013 en volume de 0,5% par an depuis trois ans, en perte de 50 TWh par rapport à 2010.

Quand à l’IEA, qui annonçait des livraisons nettes d’électricité des pays européens de l’OCDE en 2013 de 3436 TWh et donc assez proches de celles publiées par l’ENTSO-e, elle publie à fin Avril 2014 et donc pour 4 mois cumulés,  une baisse de 5.3% des livraisons d’électricité pour ces pays européens de l’OCDE,  par rapport à la même période de l’année précédente.

En comparaison, selon la même source, les consommations américaines d’électricité cumulées sur 4 mois à fin Avril 2104 seraient en croissance de 3,5%.

Quand à l’EIA qui annonçait des accroissements de livraisons cumulées d’électricité aux Etats-Unis de 3,8% à fin Avril, annonce pour les 5 mois cumulés à fin Mai une croissance de 3,2%.

Il apparaît donc que, depuis le début de l’année,  les consommations américaines d’électricité sont en croissance, tirées par les consommations des foyers et du secteur commercial, malgré des consommations industrielles en léger retrait, par-contre, les consommations d’électricité des pays OCDE de l’Europe sont en net retrait. Ces publications ne font que confirmer les mauvaises performances économiques européennes en comparaison avec celles des Etats-Unis.

Figure.1 : livraisons d’électricité, en TWh, cumulées sur douze mois mobiles, de certains pays ouest-européens, calculées à partir des données détaillées de l’IEA

Ces données ne peuvent que nous rendre sceptique sur la réussite de la volonté politique affichée et répétée des dirigeants de notre pays de chambouler le paysage électrique français, étroitement implanté au sein du réseau ouest-européen qui est l’espace pertinent pour juger du bon choix des décisions industrielles locales. En effet toutes ces modifications de la soi-disant transition annoncée, passent par des décisions politiques, mais aussi impliquent des investissements réalisés par des industries productrices d’électricité. Plonger ces entreprises dans des difficultés de financement et des pertes comptables serait la voie la plus sûre pour stopper tout processus d’adaptation du parc électrique français.

Il apparaît de plus en plus clairement  que le rythme de la transition énergétique, s’il veut éviter un large mouvement de rejet, devra s’adapter aux contraintes économiques locales et à la baisse des consommations régionales d’électricité. Ce n’est, bien sûr, pas le moment idéal pour engager de profondes réformes industrielles et un redéploiement de l’outil de production à l’aide de subventions ou d’aides tarifaires onéreuses.

Il est des temps où la primauté du Politique se confronte à la dure réalité économique, c’est cette dernière qui de plus en plus arbitre le monde en déterminant ce qui est faisable et financièrement supportable. Les démocraties ne peuvent se développer et survivre que dans un cadre économiquement maîtrisé.

Par Raymond Bonnaterre


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