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Le photovoltaïque s’invite dans le monde agricole

Posté le 28 février 2020
par Matthieu Combe
dans Énergie

Elisabeth Borne vient d’annoncer le relèvement du seuil des installations photovoltaïques pouvant bénéficier d'un tarif d'achat en guichet ouvert. Encore peu développé en France, l’agrivoltaïsme veut en plus concilier activité agricole et production énergétique. À l’occasion du Salon de l’agriculture, coup de projecteur sur le solaire dans le monde agricole et sur les freins à son développement.

Lors du Salon de l’agriculture, la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, a annoncé le relèvement du seuil des installations photovoltaïques pouvant bénéficier d’un tarif d’achat en guichet ouvert. Il triple, passant de 100 kilowatts crête (kWc) à 300 kWc. Cela rend éligibles des projets d’envergure sur les toitures agricoles, dans le secteur industriel ou encore dans l’équipement des bâtiments publics. Et cela offre « un cadre de développement plus efficace que le dispositif d’appel d’offres actuel qui, après plusieurs périodes de sous-souscription, a montré ses limites pour accélérer la dynamique de ce marché », se félicite le syndicat des énergies renouvelables. Le secteur attend désormais de connaître le mécanisme de ce nouveau niveau du tarif d’achat.

L’agrivoltaïsme pour combiner culture et production d’énergie

En parallèle, d’autres types de technologies cherchent à s’imposer au cœur même des champs. C’est l’agrivoltaïsme qui consiste à associer la production d’électricité et des pratiques agricoles sur une même surface. Les panneaux photovoltaïques sont alors installés sur des mâts, au-dessus de champs ou de systèmes d’élevage.

Les sociétés ACTHUEL et ARTIFEX ont recensé les projets emblématiques dans le monde. Parmi les activités agricoles développées : la pisciculture, l’ostréiculture, l’élevage – en majorité ovin – l’arboriculture, la vigne, le maraîchage et les grandes cultures. Mais force est de constater que le nombre de projets demeure très faible en France et dans le monde. En pisciculture par exemple, trois projets ont été recensés, dont un élevage d’esturgeons en Dordogne et une ferme solaire abritant plusieurs bassins piscicoles sur l’Ile de la Réunion.

Des recherches en cours avec l’ADEME et INRAE

Puisque la pratique agricole et la production d’électricité se partagent l’espace disponible et l’ensoleillement, les rendements des deux activités dépendent fortement de l’installation photovoltaïque. Les technologies varient selon la densité, le type de panneaux, leur inclinaison et leur mobilité. Des trackers solaires permettent de régler l’orientation des panneaux pour suivre l’orientation du soleil. Cela permet d’augmenter la production d’électricité, ainsi que le rayonnement solaire disponible pour les cultures. « Les trackers ont une double fonction : ils produisent de l’énergie et jouent un rôle de protection, par exemple en cas de coup de chaleur, avec de l’ombrage sur certaines cultures, explique Jérôme Mousset, chef du service Agriculture et Forêt à la Direction Productions et Énergies Durables de l’ADEME. Les trackers sont toujours orientés en priorisant la production de culture. »

La présence des panneaux au-dessus de cultures a deux principales incidences directes : la réduction de l’ensoleillement de la culture et la réduction du contact entre la culture et l’eau de pluie. En fonction de la culture, du climat et de la période de l’année, ces effets peuvent être bénéfiques ou néfastes. « Nous accompagnons actuellement quelques sociétés via les Programmes d’Investissement d’avenir avec différentes techniques et nous étudions l’impact sur les rendements du côté énergétique et agricole », précise Arnaud Leroy, PDG de l’ADEME.

La recension d’ACTHUEL et ARTIFEX met en avant quelques recherches effectuées par INRAE. À Montpellier, l’Institut a étudié la croissance de laitues sous panneaux photovoltaïques et étudié l’influence de l’orientabilité des panneaux. Dans le Roussillon, une exploitation viticole familiale de 60 ha s’est associée à INRAE pour planter 7,5 ha de vignes sur une parcelle en jachère, dont 6 ha équipés de panneaux inclinables et réglables. Le bilan est prévu avec la première récolte de 2021.

Au final, le développement ou non de l’agrivoltaïsme sera un choix politique. « Les promoteurs du solaire disent qu’il faudrait mobiliser 5 % de la surface agricole pour faire de l’agrivoltaïsme, mais le syndicat majoritaire [la FNSEA, ndlr] est plutôt arc-bouté en disant que ce n’est pas la vocation des champs », prévient Arnaud Leroy.


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