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Les coalitions anti-fossiles émergent à la COP26

Posté le 9 novembre 2021
par Matthieu Combe
dans Environnement

Depuis le sommet du G20 à Rome et le début de la COP26 à Glasgow, les coalitions pour la transition énergétique s’enchaînent. Charbon, pétrole et gaz devraient de plus en plus reculer au profit des énergies renouvelables... Explications.

Dimanche 31 octobre, les pays du G20 s’engageaient à ne plus subventionner les centrales au charbon à l’étranger d’ici fin 2021. Ils n’ont toutefois retenu aucune date claire pour sortir complètement du charbon ou des énergies fossiles. Alors, depuis le début de la COP26 à Glasgow le même jour, les annonces de nouvelles alliances s’enchaînent.

Une déclaration pour mettre fin au charbon d’ici 2040 au plus tard

Jeudi 4 novembre, la « Déclaration mondiale sur la transition du charbon vers l’énergie propre » était annoncée officiellement. Avec ce lancement, 190 membres et organisations (régions, entreprises, institutions financières…) dont 23 pays s’engagent dans la fin progressive du charbon et à ne plus financer de nouvelles centrales au charbon. Pour la première fois, la Pologne, le Vietnam et le Chili s’engagent à ne plus construire ou investir dans de nouvelles centrales au charbon. Pour les grandes économies ou les pays ne dépendant pas trop du charbon, l’engagement est pris pour 2030. Pour les autres, 2040.

Si cette déclaration constitue une réelle avancée dans le recul à venir du charbon, les plus grands consommateurs de charbon n’ont pas signé d’engagement. Parmi les grands absents : la Chine, l’Inde, l’Australie et les États-Unis. Rappelons que, peu avant la COP26, la Chine s’est toutefois engagée pour la neutralité carbone « d’ici 2060 », et que le Premier ministre indien a annoncé lundi 1er novembre la neutralité carbone de son pays pour 2070.

Une alliance pour aider l’Afrique du Sud dans sa sortie du charbon

La France, l’Allemagne, les États-Unis, le Royaume-Uni, et l’Union européenne vont en plus débloquer 8,5 milliards de dollars pour aider le pays à sortir du charbon. Et pour cause : l’Afrique du Sud dépend à 70 % du charbon pour sa production électrique. Le pays prévoit de réduire ses émissions de 28 % en 2030 par rapport à leur niveau de 2015 et d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Il s’agira des subventions, de prêts aux taux d’intérêt inférieurs à celui du marché, et d’investissements. Ce partenariat devrait permettre d’éviter jusqu’à 1,5 gigatonne d’émissions au cours des vingt prochaines années. « Nous espérons que ce partenariat à long terme pourra servir de modèle pertinent de soutien des pays développés aux pays en développement dans le domaine de l’action pour le climat, reconnaissant l’importance d’une transition juste vers une société sobre en carbone et résiliente face aux changements climatiques, qui favorise l’emploi et améliore les conditions de vie », a déclaré Cyril Ramaphosa, chef d’État de l’Afrique du Sud.

Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, se réjouit de la logique positive de cet accord : « L’accord avec l’Afrique du Sud est pour moi un élément de référence très intéressant. Voilà un pays qui a le courage de dire : ʺje veux engager sur le fond une politique de décarbonation de mon énergie mais je suis tellement dépendant qu’il faut m’aiderʺ et il trouve les partenaires nécessaires pour le faire. C’est assez exemplaire et cela pourrait servir de leçons pour d’autres ».

Une alliance contre le financement public des fossiles à l’international

En plus, au moins 19 pays ont signé jeudi 4 novembre un engagement à mettre fin au financement public des énergies fossiles à l’international d’ici 2022. La déclaration prévoit des exceptions uniquement pour les projets avec techniques de capture de carbone. Si la France ne prend pas part à cette alliance, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada s’engagent. Les 19 pays promettent de réorienter cet argent vers des énergies renouvelables. Près de 18 milliards de dollars d’aides publiques par an pourraient ainsi se flécher vers la transition énergétique.

Cela fait suite aux annonces récentes de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud visant à mettre fin au financement du charbon à l’étranger. Cela signifie désormais que tous les financements internationaux publics importants pour l’électricité au charbon ont effectivement pris fin.

« Cette annonce est un pas dans la bonne direction, mais elle doit être renforcée par un plus grand nombre de gouvernements et d’institutions financières publiques, y compris les banques multilatérales de développement, s’engageant à mettre fin au financement des combustibles fossiles », ajoute Tasneem Essop, directeur exécutif du Climate Action Network International. Mais il faut aller encore plus loin. En effet, selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), il faudrait immédiatement cesser tout financement de nouveaux projets dans les énergies fossiles – publics et privés – pour espérer limiter le réchauffer climatique à 1,5°C.


Pour aller plus loin