La consommation de charbon dans le monde a connu une progression fulgurante au cours de la dernière décennie. Celle-ci s'explique par les besoins énergétiques croissants des économies asiatiques émergentes (Chine et Inde, tout particulièrement), qui ont conduit à un changement de centre de gravité des marchés charbonniers dominés maintenant par l'Asie. Alors que l'on pensait que cette énergie d'un autre siècle était appelée à disparaître du bilan énergétique mondial, la réalité est toute autre puisque le charbon assure actuellement 28 % des besoins énergétiques primaires mondiaux. Cette place tient à la spécificité de ses usages dans la sidérurgie, à son excellente compétitivité avec les autres sources d'énergie dans les centrales thermoélectriques, principalement dans les économies asiatiques émergentes, qui appuient leur développement économique sur une énergie disponible au niveau national, assurant ainsi leur indépendance énergétique. Ses coûts fixes de combustion, qui sont plus élevés que ceux des produits pétroliers ou du gaz naturel, sont compensés par des prix inférieurs et plus stables du combustible sur les grands marchés nationaux (Chine, États-Unis, Inde, Russie) ou internationaux (Atlantique et Pacifique). Cette situation s'explique par :
-
la vive concurrence des nouveaux producteurs qui s'exerce entre exportateurs, grâce à des barrières à l'entrée dans l'industrie suffisamment basses, pour éviter un degré de concentration des entreprises susceptible d'engendrer un pouvoir de marché ;
-
l'arrivée régulière de nouveaux venus dans l'industrie charbonnière, pays développant les exportations ou les importations, entreprises développant des domaines miniers ;
-
des ressources exploitables abondantes et largement distribuées géographiquement ;
-
la coexistence de techniques d'exploitation traditionnelles, surtout en sous-terrain, et de techniques plus capitalistiques, notamment à ciel ouvert ;
-
l'amélioration des moyens de transport du charbon (chemin de fer, routes et ports).
Le charbon est un émetteur de gaz à effet de serre important. Il pourraît donc être pénalisé par un prix élevé du carbone que devraient payer ses usagers sous forme de taxe ou de droits d'émission, du type Emission Trading Scheme de l'Union européenne. C'est bien cette incertitude qui rend très difficile la prévision de la demande future de charbon. Cependant, la perspective qu'offre le développement des technologies de captage et de stockage du dioxyde de carbone, si elles sont déployées à l'échelle industrielle au niveau mondial, en ferait la source d'énergie idéale : propre, abondante, géographiquement bien distribuée, facilement transportable, transformable (en électricité, hydrogène, combustibles liquides, bases chimiques).