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Nice 2025 : les engagements clés à retenir à l’issue du Sommet sur l’océan

Posté le 9 juillet 2025
par Nicolas LOUIS
dans Environnement

Ratification du traité BBNJ, moratoire sur les fonds marins, extension des aires marines protégées, appel à un traité mondial sur les plastiques, lutte contre la pollution sonore… La troisième Conférence des Nations unies sur l’océan s’est achevée par des avancées notables, même si certaines ONG tempèrent cet enthousiasme.

Clap de fin sur la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC3), qui s’est tenue à Nice du 9 au 13 juin dernier. Co-organisée par la France et le Costa Rica, 175 États membres des Nations Unies ont participé à ce sommet, représentant près de 85 % du volume des ressources liées à l’océan sur la planète. Au terme de cinq jours de débats, cette rencontre s’est conclue par une série d’initiatives appelées « Engagements de Nice pour l’Océan », qui constitue une feuille de route en faveur d’une meilleure protection de l’océan, dont voici les principaux points à retenir.

Une avancée majeure s’est produite avec la ratification par 50 États du traité BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction), qui prévoit la protection de la biodiversité dans les zones ne relevant pas de juridictions nationales. Il entrera en vigueur au plus tard en janvier 2026, grâce à 18 États supplémentaires qui se sont engagés à ratifier ce texte dans les prochains mois. Ce traité permettra de réguler l’équivalent de 64 % des océans et sa ratification, deux ans seulement après son adoption à l’ONU, marque un tournant, puisqu’il devient le socle d’une gouvernance multilatérale de la haute mer. À noter que les pays qui l’ont ratifié se réuniront chaque année à l’occasion d’une COP (conférence des parties).

Alors que la demande mondiale en métaux rares croît, 37 États ont soutenu un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins. Ils considèrent que la science doit précéder toute activité extractive et demandent donc une pause de précaution, soulignant le manque de connaissances sur ces écosystèmes abyssaux. Par ailleurs, 23 pays ont cosigné une déclaration conjointe appelant la communauté internationale à ne pas financer ces activités.

Un nouveau seuil a été franchi à propos des aires marines protégées, puisque plus de 10 % de l’océan mondial devrait être désormais classé, contre 8,4 % avant le sommet. Quatorze pays ont annoncé l’extension de leurs réseaux de protection, souvent en haute mer. Parmi les annonces phares, la création par le Costa Rica, la Colombie et l’Équateur d’une aire marine transnationale constitue une première. Malgré tout, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre l’objectif de protéger 30 % des océans d’ici à 2030.

Vers un traité mondial contraignant sur les plastiques ?

Ce sommet a tiré la sonnette d’alarme face à l’effondrement de la biodiversité marine. Plus d’un tiers des espèces de requins et de raies sont désormais menacées d’extinction. À Nice, un appel a été lancé, soutenu notamment par la France, l’Australie et le Royaume-Uni, pour renforcer leur protection. Contre le blanchiment massif des coraux, un fonds international pour les récifs a été abondé de 25 millions de dollars. Et 19 États ont annoncé des plans nationaux de restauration des mangroves et des écosystèmes côtiers.

À moins de trois mois de négociations cruciales à Genève, 96 pays ont signé une déclaration en faveur d’un traité mondial contraignant sur les plastiques. Ils réclament des mesures sur l’ensemble du cycle de vie, de la production à l’élimination, y compris des objectifs de réduction. En Méditerranée, région particulièrement touchée, les pays riverains se sont engagés à anticiper l’application du futur traité.

Encore peu réglementée, la pollution sonore sous-marine a fait une percée dans les discussions. Sous l’égide de l’Organisation maritime internationale (OMI), 37 pays ont lancé une coalition pour réduire les nuisances acoustiques causées par le trafic maritime. Pour protéger les espèces sensibles des effets du bruit anthropique, ils s’engagent à développer des navires plus silencieux et à intégrer des mesures de réduction sonores dans la gestion de leurs aires marines protégées.

Malgré l’ampleur des annonces, certaines organisations environnementales posent un regard critique sur cette troisième édition. Selon elles, les engagements ne sont pas contraignants, les financements flous et les pollueurs peu inquiétés. L’absence totale de référence aux énergies fossiles dans la déclaration finale a également été largement dénoncée, alors que le dérèglement climatique est une cause majeure de l’acidification et du réchauffement des océans.


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