En chiffres

Observatoire des multinationales: le CAC40 loin d’être exemplaire

Posté le 10 novembre 2020
par Matthieu Combe
dans Entreprises et marchés

L’Observatoire des multinationales de l’association Attac analyse les données environnementales publiques des entreprises du CAC40 dans le troisième chapitre de l’édition 2020 de « CAC40 : le véritable bilan annuel ». Les résultats sont loin d’être aussi optimistes que ce que laisse entendre leur communication verte.

En septembre, EcoAct passait au crible la transparence des entreprises du CAC40 concernant leur reporting climat. Désormais, l’Observatoire des multinationales d’Attac passe au crible les données environnementales qu’elles publient dans le troisième chapitre de l’édition 2020 de « CAC40 : le véritable bilan annuel ». L’ensemble des groupes du CAC40 ont ainsi émis directement et indirectement environ 1,6 milliard de tonnes de CO2 dans l’atmosphère en 2019, soit environ 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les plus gros émetteurs déclarés sont Total (30 % des émissions du CAC40), suivi d’ArcelorMittal (12,2 %), Engie (11,4 %), Michelin (8,9 %), Crédit agricole (8,7 %), PSA (8,9 %) et Renault (6 %).

L’Observatoire relativise toutefois ce classement et les chiffres communiqués, biaisés par les différences de transparence et d’exhaustivité. « Parmi les banques, seul le Crédit agricole tient partiellement compte des émissions liées aux projets et firmes qu’il finance, ce qui explique qu’il figure dans cette liste et pas BNP Paribas ou la Société générale, notent les auteurs. D’autres gros émetteurs potentiels, comme Carrefour, ne publient pas de données complètes sur les émissions dans leur chaîne d’approvisionnement. »

Des émissions en hausse malgré des discours verts

Si l’on considère l’ensemble du CAC40, les émissions publiées ont baissé de 3,13 % depuis 2017. Cette baisse provient majoritairement du désinvestissement de plusieurs actifs liés au charbon d’Engie. Sans cela, les émissions déclarées du CAC40 sont en hausse de 2,6 % depuis 2017. Au total, vingt groupes ont vu leurs émissions augmenter entre 2017 et 2019. Les hausses sont particulièrement importantes pour Dassault Systèmes qui a multiplié ses émissions par 3,5 et Unibail qui a multiplié ses émissions par deux. Les hausses atteignent +60 % pour Essilor, +55 % pour Vivendi, +51 % pour PSA, +35 % pour Téléperformance, +26 % pour Danone et +21 % pour L’Oréal.

Plusieurs groupes communiquent leurs émissions de CO2 rapportées au chiffre d’affaires ou au nombre de salariés. « Cela suggère qu’elles [les entreprises, ndlr] restent guidées par un paradigme d’efficience ou de découplage, selon lequel il serait acceptable de continuer d’accroître ses activités et ses émissions de gaz à effet de serre, pourvu que celles-ci augmentent moins vite que les revenus », suggère le rapport. Les émissions baissent alors de 11 % et de 10,6 % respectivement entre 2017 et 2019. Sans Engie, les baisses s’élèvent respectivement à 6,5 % et 5,3 %. Douze groupes du CAC40 augmentent tout de même leurs émissions rapportées au chiffre d’affaires et quinze rapportées aux effectifs entre 2017 et 2019.

Le rapport aborde enfin les données liées aux consommations d’eau et aux quantités de déchets produits par les activités. Ces données sont là encore lacunaires et loin d’être standardisées, sans prise en compte des consommations indirectes. Selon les données partielles disponibles, 36 groupes déclarent la production de 707 millions de tonnes de déchets en 2019, en hausse de 12 % entre 2017 et 2019. Carrefour génère 98 % de ces déchets. 33 groupes annoncent la consommation de 750 millions de mètres cubes d’eau en 2019, en baisse de 2 % entre 2017 et 2019. C’est l’équivalent de 300 000 piscines olympiques. L’Oréal en consomme 16 %, Total 15 %, Air Liquide 13 %, Engie 12 % et Danone 10 %.


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