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Que sait-on du très mystérieux avion spatial chinois ?

Posté le 2 septembre 2025
par Aliye Karasu
dans Innovations sectorielles

L'espace est le lieu où les grandes puissances se livrent, en secret, à une bataille pour l'hégémonie. Cette lutte s'effectue au moyen d'objets technologiques qui sont déployés dans l'environnement spatial. Ces dernières années, avec la mise en service de son propre avion spatial, la Chine vient concurrencer son homologue américain, le X-37B. Ces outils favorisent-ils une militarisation croissante de l'espace ? Le mystère qui entoure les objectifs de leurs missions respectives renforce cette suspicion.

Le CSSHQ[1] ou Shenlong qui signifie « Dragon divin » en chinois est un avion orbital sans pilote et réutilisable. En août 2024, un astronome amateur Felix Schöfbänker a réussi à capturer des images du véhicule secret depuis l’Autriche à l’aide d’un télescope modifié. D’autres images ont également été capturées par un satellite de l’entreprise Maxar.

Ces images ont permis d’en savoir davantage sur la conception de l’avion. Malgré de fortes similitudes avec son équivalent américain, les clichés suggèrent deux structures non identifiées à l’arrière de l’appareil qui pourraient être des panneaux solaires. Alors que ces derniers sont supportés par un mât situé dans la soute pour le X-37B, ils seraient, dans le design de l’avion chinois, directement intégrés sur un module de service.

Trois missions en quatre ans

Initié conceptuellement en 2000, l’avion spatial chinois a effectué sa première mission en orbite basse en 2020 ; une mission qui n’aura duré que deux jours. Une deuxième mission, lancée en 2022, avait marqué une avancée majeure puisque cette fois-ci l’avion avait passé 276 jours en orbite. La dernière mission a pris fin le 6 septembre 2024 avec l’atterrissage de l’avion sur le site militaire de Lob Nur au Xinjiang. Le lancement avait été effectué le 14 décembre 2023 depuis la base de Jiuquan en Mongolie-Intérieure à bord d’une fusée Longue Marche-2F.

La Chine restant laconique sur son programme spatial, les missions de chacun de ces trois vols demeurent vagues et alimentent logiquement les spéculations les plus diverses sur leurs véritables objectifs. Selon les autorités chinoises, le Shenlong serait seulement destiné à tester des technologies dans le but de faciliter les voyages aller-retour en orbite basse.

Duel pour la conquête spatiale

Lors de la troisième mission, alors que l’avion spatial avait été mis en orbite seulement quatre jours auparavant, des traqueurs ont repéré que celui-ci avait relâché pas moins de six objets différents. Ces manœuvres ont donné lieu à diverses hypothèses portant sur la nature de ces objets. L’une d’elles évoque un module de service indiquant un possible retour imminent sur Terre. Même si le mystère reste entier concernant ces objets non identifiés, de sérieux soupçons laissent supposer un volet militaire spatial dédié à ce vaisseau.

La multiplication, ces dernières années, des missions spatiales marque la volonté, pour la Chine, de s’affirmer face aux États-Unis en venant les concurrencer avec un projet équivalent au X-37B. Ce véhicule d’essai orbital a réalisé sept missions depuis 2010 qui sont toujours classifiées secret-défense. La dernière, toujours en cours, a débuté le 28 décembre 2023 avec le lancement du X-37B depuis le sommet d’une fusée Falcon Heavy de SpaceX. La Force spatiale des États-Unis a annoncé, en octobre 2024, l’entrée dans une nouvelle phase visant à tester des manœuvres inédites, appelées aérofreinage, qui ont pour but de modifier l’orbite de l’avion avec une consommation minimale de carburant.

Les deux avions sont ainsi officiellement présentés, par leur pays respectif, comme des outils offrant une opportunité de tester de nouvelles technologies en orbite telles que le ravitaillement, la maintenance ou la désorbitation. Les activités militaires sont passées sous silence. Celles-ci pourraient comprendre des tests de capacités d’interception, de capture ou de neutralisation de satellites adverses.

Ces recherches technologiques cacheraient-elles de nouveaux systèmes d’armements orbitaux ?


[1] Acronyme de Chongfu Shiyong Shiyan Hangtian Qi (Vaisseau spatial expérimental réutilisable)


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