Espace : 1° Forme abrégée usuelle d’espace extra-atmosphérique. 2° Domaine des activités humaines se rapportant à l’espace extra-atmosphérique. » Comme le souligne cette définition proposée par le Dictionnaire de Spatiologie du Conseil international de la langue française, l’espace n’est plus seulement un lieu qui commence à 100 km au-dessus de la surface terrestre, pour suivre la proposition désormais admise de Theodore von Karman ; il est aussi ce que les humains y font et en font. Cette dimension technique de l’espace a débuté par le lancement du premier Spoutnik soviétique, le 4 octobre 1957, et s’est poursuivi, depuis cette date, par des programmes d’exploration et d’utilisation de l’espace, grâce à l’engagement d’un nombre croissant de puissances nationales et, désormais, d’acteurs privés. Les pas technologiques à franchir, les défis à relever restent nombreux ; pourtant, les caractéristiques physiques de l’espace, ses dimensions, si elles paraissent parfois dépasser les capacités d’appréhension et de compréhension des sens et de l’intelligence des humains, en font, et sans doute pour longtemps encore, un horizon mieux encore qu’une frontière pour l’esprit de curiosité, de conquête, d’entreprise qui est celui des humains.
Celles et ceux qui travaillent dans le milieu spatial, le plus souvent par passion et choix personnel, se doivent de pratiquer et de respecter les règles déontologiques propres au champ de leurs compétences et de leurs responsabilités, règles qu’ils partagent le plus souvent avec leurs confrères des autres domaines techniques. Toutefois, parce que l’espace offre non seulement à ses acteurs, mais à l’ensemble de l’humanité, une ultime frontière à franchir, un singulier horizon à tenter de rejoindre, parce qu’il exige le dépassement incessant de frontières physiques, psychologiques, techniques, ne convient-il pas d’envisager une éthique qui serait propre aux activités spatiales proprement dites ? Autrement dit, une interrogation philosophique, un questionnement sur la finalité et le sens, les moyens et les conséquences de cette entreprise qui conserve, après plus d’un demi-siècle de développement, un caractère hors du commun ?
Tous les champs de l’ingénierie pourraient tirer profit d’une telle réflexion s’appuyant sur l’arrière-plan culturel et social des activités spatiales, sur leur histoire, sur les dossiers spécifiques qu’elle aborde.