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Tara s’attaque au plastique de la Méditerranée

Posté le 25 juin 2014
par Matthieu Combe
dans Environnement

Le plastique pollue l’ensemble de nos mers et océans. Suite à l’expédition MED qui a mesuré la présence de plastique dans le bassin nord occidental de la Méditerranée, Tara embarque en 2014 pour une expédition dans l’ensemble du Bassin méditerranéen.

De mai à décembre 2014, l’expédition Tara va s’intéresser à la présence de plastique dans l’ensemble du Bassin méditerranéen, de Gibraltar à Beyrouth. Des prélèvements de plastique et de plancton seront réalisés en mer, à l’aide d’un filet Manta, près des mégapoles, mais également au large.

Le Bassin Méditerranéen concentre 30% du trafic maritime mondial entre Suez et Gibraltar. 450 millions de personnes y vivent, avec des niveaux de développement différents et des cultures différentes… « C’est un laboratoire assez intéressant », estime Romain Troublé, Secrétaire général de Tara Expéditions

Que devient le plastique en mer ?

Lorsqu’un plastique est rejeté en mer, il va se fragmenter en éléments flottants de plus en plus petits. On retrouve un ensemble large de composés différents : polystyrène, polyéthylène, nylon, polyuréthane, polypropylène… Ces plastiques sont « des éponges aux polluants organiques persistants : PCB, dioxines ou des perturbateurs endocriniens », rappelle Gaby Gorsky, Directeur scientifique de Tara Méditerranée.

Parallèlement à l’adsorption de ces polluants, les fragments de plastique sont colonisés par des micro-organismes (bactéries, algues, champignons et protozoaires), qui vont former un biofilm à sa surface. Au final, les polluants organiques persistants (POP) adsorbés sur le plastique peuvent être relâchés, notamment dans le système digestif de ces micro-organismes. Ces POP sont bioaccumulables, c’est-à-dire qu’ils s’accumulent dans leur organisme, laissant supposer qu’ils peuvent entrer dans la chaîne alimentaire.

Mais ce n’est pas tout. Ces fragments sont ensuite charriés par les courants, certains jusqu’aux plages. Ils peuvent ainsi véhiculer des espèces exogènes ou invasives qui bouleversent les écosystèmes.

Comment caractériser la pollution ?

Les prélèvements réalisés par Tara Méditerranée vont permettre d’évaluer la répartition spatiale des fragments de plastique flottants de 0,3 mm à 5 cm. Les scientifiques à bord filtreront aussi directement de l’eau pour prélever et analyser les fragments plus petits. Environ 150 stations de prélèvements sont prévues jour et nuit. Chaque jour, au moins une station comportera entre 3 et 5 prélèvements par Filet Manta, dont 1 à 2 prélèvements de nuit. « On compte à peu près 150 stations, mais à peu près 400 à 500 échantillons », résume Gaby Gorsky.

Les différents types de plastiques et les POP seront caractérisés. Grâce à la microscopie électronique à balayage, à la microscopie stéréoscopique et à l’analyse génomique, l’expédition s’intéressera aussi aux micro-organismes colonisant les plastiques. Enfin, elle déterminera la structure des écosystèmes du plancton en contact avec les fragments de plastique, le jour et la nuit.

Lors des escales, l’équipage sensibilisera les populations rencontrées. Les messages véhiculés seront notamment en lien avec  la réduction de la pollution à la source via l’éducation, le recyclage, la promotion de l’économie circulaire et l’éco-conception. L’équipage s’efforcera aussi de promouvoir une gestion intégrée des bassins versants grâce au nettoyage des canaux et des rivières et militera pour l’interdiction du sac plastique à usage unique dans tout le Bassin.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


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