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Au moins 6,7 milliards d’euros pour recycler les plastiques européens

Posté le 17 mars 2023
par Matthieu Combe
dans Matériaux

Une nouvelle étude de la Banque européenne d'investissement estime qu’il faudrait au moins 6,7 milliards d'euros de nouveaux investissements pour atteindre les objectifs européens de recyclage des plastiques.

L’Union européenne s’est dotée d’objectifs ambitieux dans le cadre de la stratégie européenne sur les matières plastiques. Elle fixe notamment un objectif de recyclage des emballages plastiques de 50 % d’ici 2025 dans le but de générer 10 millions de tonnes de plastiques recyclés dans de nouveaux produits, dans tous les États membres, d’ici la même année. Dans un nouveau rapport, la Banque européenne d’investissement (BEI) estime qu’il manque entre 6,7 et 8,6 milliards d’euros pour y arriver. Plus des deux tiers financeraient de nouvelles capacités de recyclage, le reste soutiendrait le développement de nouvelles capacités de tri.

Un manque d’usines à combler

Compte tenu des différentes pertes le long du processus, le rapport estime que pour être en capacité de produire 10 millions de tonnes de plastiques recyclés d’ici 2025, il faudra avoir une capacité de tri totale de 16,7 millions de tonnes de plastiques par an au niveau européen. Il en manque à ce jour 4,2 millions de tonnes.

Les 650 usines de recyclage présentes en Europe pourraient actuellement produire un maximum de 6,3 millions de tonnes de plastiques recyclés. Elles en produisent en réalité autour de 5 millions de tonnes, d’après les dernières données. Pour combler le retard, la BEI estime qu’il faudra investir entre 4,6 et 5,7 milliards d’euros, soit plus de deux tiers de l’investissement total.

Des recommandations hautement politiques

Pour faciliter le recyclage des plastiques, le rapport dresse cinq grandes recommandations législatives. La première : prendre des mesures pour imposer des restrictions sur les emballages difficiles à recycler. La BEI identifie « l’interdiction de certains produits en plastique à usage unique, des restrictions sur les emballages en plastique multi-couches, des restrictions sur les emballages composites, tels que les emballages associant papier et plastique, des restrictions sur les emballages multi-polymères ».

La BEI relève aussi l’importance de mettre en place d’autres filières à responsabilité des producteurs (REP), au-delà des seuls emballages. Ces dispositifs, sur le principe « pollueur-payeur », permettent de rendre responsables les metteurs sur le marché de l’ensemble de leur cycle de vie, de leur écoconception jusqu’à leur fin de vie. « Les gouvernements nationaux ont la possibilité d’introduire des systèmes obligatoires ou des systèmes de collecte pour des applications industrielles spécifiques, par exemple dans l’industrie automobile, le secteur électrique et électronique, le secteur agricole et dans le bâtiment et la construction », propose-t-elle.

Il s’agirait également d’introduire des incitations tarifaires pour améliorer la compétitivité des produits en plastique, à haute teneur en matières recyclées, face au plastique vierge. La BEI recommande en parallèle d’imposer des quotas d’incorporation de plastiques recyclés pour obliger les producteurs et les propriétaires de marques à mettre en place des dispositifs dédiés de collecte, de tri et de recyclage. Enfin, elle souligne l’importance de renforcer encore les campagnes de sensibilisation du public.

Le rapport identifie en parallèle quatre recommandations financières clés que la BEI pourrait accompagner afin de résoudre le problème de la pollution par les déchets plastiques tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union européenne. Il s’agit notamment de prêts aux producteurs et marques pour améliorer la circularité des plastiques, de prêts aux municipalités et aux collectivités locales pour augmenter la capacité de tri et de recyclage du plastique. La BEI propose enfin de soutenir les activités de recherche, de développement et d’innovation pour améliorer les technologies de tri et de recyclage, et les projets de gestion intégrée des déchets et de traitement des eaux dans les pays en développement.


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