Chaque année, environ treize millions de tonnes d’emballages sont utilisées en France dont cinq millions par les ménages. Ces emballages sont conçus pour protéger la grande diversité des produits contenus et faciliter leur logistique. Les concepteurs d’emballage ont intégré très tôt la lutte contre le gaspillage du produit dans leur conception. Il s’agissait déjà des prémices de l’écoconception.
Puis, les industriels ont travaillé sur le poids des emballages pour éviter le gaspillage de matières premières et maîtriser leurs coûts. Ils ont fait de même sur le volume des emballages, chasser le vide afin de réduire des transports inutiles.
Dès 1998, l’éco-conception des emballages devient une obligation pour les concepteurs dans le droit français en application de la directive européenne publiée quatre ans plus tôt. Il convient dorénavant de généraliser les bonnes pratiques industrielles précitées, de supprimer des métaux lourds devenus indésirables et d’imaginer la fin de vie de l’emballage dès sa conception.
Les filières de recyclage sont émergentes à cette époque, à l’exception du verre qui disposait d’initiatives locales dès les années 1970. En effet, les deux éco-organismes Éco-Emballages et Adelphe (devenus depuis Citeo) en charge de piloter le dispositif national de collecte, tri et recyclage n’ont leur agrément que depuis quatre ans, en 1998. La collecte se met progressivement en place portée par les collectivités, les centres de tri et les usines de recyclage sont en cours de création. Il était donc très difficile pour les concepteurs d’emballages de comprendre ces filières afin de travailler sur la recyclabilité des barquettes, boîtes, bouteilles et autres canettes.
L’écoconception est normalisée pour aider les industriels, les normes harmonisées EN 13429 à EN 13432 sont publiées et donnent un cadre aux pratiques industrielles, ainsi qu’un outil de contrôle de la réglementation pour les autorités publiques. Le Conseil national de l’emballage est créé en 1997 pour partager les bonnes pratiques et les diffuser au plus grand nombre. En 2001, la profession plastique crée le Comité technique pour la recyclabilité des emballages plastiques (Cotrep), outil au service de la profession pour analyser scientifiquement et de manière consensuelle la recyclabilité des emballages ménagers. Il sera suivi par le secteur des papiers et cartons, cinq ans plus tard, avec le Comité d’évaluation de la recyclabilité des emballages papier/carton (Cerec). Ces Comités en inspireront d’autres, en France, comme au-delà des frontières.
En parallèle, les industriels s’interrogent sur les matériaux d’emballage à utiliser : vierge, biosourcé, recyclé ? Les plastiques biosourcés sont un bon exemple : éviter le fossile au profit de la photosynthèse des plantes semble du bon sens en termes de lutte contre le réchauffement climatique. D’un autre côté, les cultures utilisées pour la chimie demandent généralement de l’eau et des engrais. La décision n’est donc pas évidente.
En 2006, une nouvelle étape est franchie avec la normalisation au niveau international de l’Analyse de Cycle de Vie, méthode permettant de piloter les actions d’écoconception au regard des impacts de l’emballage, de l’extraction des matières premières jusqu’à son traitement en fin de vie. La méthode est multicritères, elle couvre les pollutions de l’air comme de l’eau, l’épuisement des ressources, ou encore le réchauffement climatique. Elle permet de répondre aux questions encore en suspens. Son déploiement s’accélère deux ans plus tard avec les tentatives en France, via le Grenelle de l’environnement, puis en Europe visant à aider les citoyens à mieux consommer, via un affichage des impacts environnementaux du couple produit emballage en magasin. Les tentatives ne seront pas concluantes, mais la méthode s’est imposée.
Enfin, depuis 2015, l’économie circulaire s’impose dans les pratiques industrielles comme dans la réglementation. Les concepts de vrac et de réemploi gagnent du terrain, le recyclage est critiqué, la valorisation énergétique et l’enfouissement mis de côté. En effet, le monde entier découvre le problème des déchets sauvages et de la pollution des océans. L’écoconception évolue encore pour accompagner la conception des emballages réemployables ou encore pour éviter que des bouchons finissent loin de leur bouteille après usage. Pour tous les produits qui ne se prêtent pas à des contenants que l’on peut réutiliser, la recyclabilité permet de donner toujours plus de sens au geste de tri et deviendra dans les cinq à dix ans une condition minimale pour entrer sur le marché français.
Le précédent article dédié au sujet a été publié aux Techniques de l’Ingénieur en 2000 et, comme nous venons de l’évoquer, l’écoconception a beaucoup progressé. Au travers de trois chapitres, il est proposé d’analyser plus en détails les pratiques d’écoconception à l’heure de l’économie circulaire, de rappeler le cadre réglementaire, puis de partager les outils et les bonnes pratiques des entreprises afin que chacun puisse s’approprier la démarche pour ses propres emballages. Cet article n’abordera pas les pratiques de communication liées à l’écoconception et aux emballages écoconçus.