Le sommet Choose France – Édition France 2025 s’est tenu hier en présence du président de la République et du Premier ministre. Cette édition a marqué une évolution stratégique majeure. En effet, pour la première fois, l’événement a mis spécifiquement à l’honneur les entreprises françaises qui décident d’investir en France, et non seulement les investisseurs étrangers comme lors du sommet traditionnel de Versailles.
Cette réorientation vers l’investissement domestique répond à la volonté politique d’ancrer davantage la souveraineté industrielle et d’accélérer la dynamique de réindustrialisation.
Dès l’ouverture, le gouvernement a annoncé 9,2 milliards d’euros de nouveaux investissements, engagés par environ 150 entreprises françaises. Ces montants interviennent dans un contexte économique encore fragile, marqué par une croissance ralentie et des tensions budgétaires persistantes. Malgré cela, les entreprises montrent l’intention claire de moderniser leurs outils productifs, d’investir dans les technologies critiques et de renforcer leur compétitivité industrielle. Ces 9,2 milliards constituent en réalité la part « nouvelle » d’un total plus large, 30 milliards d’euros d’investissements français ayant été annoncés sur les douze derniers mois, correspondant à 151 projets recensés par l’Élysée (Le Point).
Parmi les annonces emblématiques figure la création d’un gigantesque data center, portée par une alliance entre Iliad, EDF et Infravia, pour un montant estimé à 4 milliards d’euros. Cette infrastructure de calcul, destinée à devenir l’une des plus puissantes d’Europe, représente un enjeu majeur pour la souveraineté numérique française. Elle doit permettre d’héberger des capacités de calcul massives indispensables à l’intelligence artificielle, au cloud de confiance et aux services industriels à haute criticité.
Le renforcement des capacités françaises en matière d’IA s’illustre également dans l’annonce de la start-up Sesterce, qui doublera la puissance de son site d’Alixan, dans la Drôme, via un investissement d’environ 1,5 milliard d’euros. En développant une infrastructure de calcul avancée en région, ce projet ancre la dynamique de l’intelligence artificielle dans les territoires et soutient la création d’écosystèmes industriels locaux.
D’autres investissements importants concernent des secteurs industriels essentiels. Le groupe Derichebourg prévoit ainsi 130 millions d’euros pour déployer sept nouveaux sites de recyclage destinés au cuivre, au plomb, aux déchets électroniques et aux batteries. Ces installations doivent contribuer à sécuriser des gisements de matières premières secondaires, devenus stratégiques dans le contexte de développement des technologies électriques.
Le secteur agroalimentaire bénéficie lui aussi de projets structurants. Danone prévoit environ 300 millions d’euros pour relocaliser plus de 45 000 tonnes de production en France d’ici 2028, ce qui devrait permettre la création de 500 emplois supplémentaires. Cette démarche reflète la réorganisation progressive des chaînes de valeur alimentaires, avec une volonté accrue de produire localement dans un secteur sensible à la question de la souveraineté.
Dans son ensemble, le sommet montre que les investissements se concentrent dans des secteurs considérés comme stratégiques tels que l’énergie et la transition écologique, l’intelligence artificielle et le numérique, la santé, la chimie, le spatial et les filières industrielles fondamentales. Le gouvernement souligne que l’enjeu n’est plus seulement de faire venir des capitaux étrangers, mais de permettre aux entreprises françaises d’investir davantage dans l’économie nationale plutôt qu’à l’étranger.
L’édition 2025 met aussi en évidence une dimension territoriale essentielle. Les investissements annoncés se répartissent sur de nombreuses régions, y compris des territoires en reconversion ou en recherche de diversification économique. Cette répartition participe à renforcer des écosystèmes industriels régionaux qui pourront ensuite attirer de nouveaux projets, en particulier dans la fabrication avancée, l’énergie bas carbone et les technologies numériques.
Au-delà des montants et des projets, Choose France – Édition France 2025 envoie un message clair : la France peut compter sur ses propres entreprises pour consolider son appareil productif, accompagner la transformation technologique et renforcer sa souveraineté économique. Les projets annoncés devront être suivis de près pour mesurer leur mise en œuvre effective, mais la dynamique enclenchée souligne la volonté collective d’accélérer la modernisation industrielle du pays et de se positionner dans la compétition mondiale sur les technologies clés.
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