La diversité des participants au Salon du Made in France constitue l’un des atouts majeurs de ce dernier. Elle permet de confronter les savoir-faire traditionnels et les technologies émergentes, d’encourager des collaborations inédites et de stimuler l’innovation à tous les niveaux de la chaîne de valeur.
Pour les visiteurs, cette pluralité d’acteurs offre une immersion dans la richesse des savoir-faire français. Ils peuvent y découvrir des entreprises capables d’allier héritage et créativité, qualité et performance. Pour les dirigeants, le salon agit comme un révélateur de tendances et un terrain fertile permettant d’identifier de nouveaux partenariats industriels, fournisseurs ou distributeurs. Il devient ainsi un laboratoire vivant du « fabriqué en France », où s’esquissent les modèles économiques et les innovations qui structureront l’industrie française de demain.
Une réindustrialisation encore fragile mais bien engagée
La réindustrialisation française présente cependant une dynamique positive mais modérée, selon le dernier baromètre de la Direction générale des Entreprises (DGE) publié fin octobre 2025. Le secteur de l’industrie verte se distingue tandis que l’industrie de la défense signe pour la première fois un solde positif significatif via de nouveaux sites dans l’aéronautique militaire. En revanche, certains secteurs traditionnels – de la chimie ou encore de la mobilité – sont en retrait.
Plus globalement, dans le « Flash conjoncture France » de septembre 2025, l’industrie manufacturière apparaît en progression de +0,5 % en valeur ajoutée au 1er semestre 2025 par rapport au semestre précédent, mais elle reste fragile et caractérisée par de fortes disparités sectorielles. Ces chiffres illustrent le fait que la France est toujours engagée dans une trajectoire de réindustrialisation, mais qu’elle bute sur des freins structurels tels que les coûts de l’énergie, la pression internationale, et la complexité normative.
Entre adhésion citoyenne et prudence des dirigeants
Du côté de la perception du « fabriqué en France » et de l’industrie, les données récentes montrent un soutien fort mais des attentes nuancées. Une étude de Bpifrance indique que 83 % des Français considèrent l’industrie comme une fierté territoriale, 62 % croient à des recrutements industriels à venir, mais seuls 40 % estiment qu’une réindustrialisation est déjà en cours. Par ailleurs, selon les réseaux des Chambres de commerce et d’industrie (CCI), 41 % pensent que l’État devrait soutenir davantage l’industrie française. Toutefois, même si le Made in France reste valorisé, il n’est pas toujours prioritaire à l’acte d’achat. Par exemple, toujours selon l’enquête Bpifrance, seulement 10 % des consommateurs placent la production française en critère d’achat principal, contre 38 % qui citent le prix. Pour les chefs d’entreprise, la perception est plus prudente. Ils soulignent ainsi des incertitudes sur la demande, la compétitivité et le cadre réglementaire.
En matière d’attentes et de craintes, les industriels et citoyens convergent sur certains points mais divergent sur d’autres. Du côté attentes, on relève la création d’emplois industriels sur les territoires, la modernisation des outils de production, la relocalisation de chaînes de valeur critiques (énergie, électronique, défense) et une meilleure compétitivité des produits français. Le fait que l’industrie verte et la défense soient aujourd’hui moteurs de la dynamique illustre cette dimension stratégique.
Les craintes portent principalement sur la compétitivité internationale (notamment vis-à-vis des pays à bas coût ou de la surproduction chinoise), l’augmentation des coûts industriels (énergie, matières premières, foncier), la difficulté à recruter et maintenir les compétences, et le manque de visibilité sur les dispositifs publics. Ces enjeux sont explicités directement dans le baromètre de la DGE qui pointe un contexte de « concurrence internationale accrue » impactant la dynamique d’implantation. Ainsi, les attentes des dirigeants portent autant sur l’environnement national favorable (stabilité, fiscalité, énergie) que sur l’accompagnement opérationnel (investissements, innovation, formations).
Des dispositifs publics pour soutenir la fabrication en France
Concernant les aides et dispositifs de soutien à la fabrication en France et à la réindustrialisation, plusieurs instruments récents sont à mentionner. Le guichet « Aide en faveur des investissements de transformation vers l’industrie du futur », mis à jour en septembre 2025, est destiné aux PME et ETI afin de soutenir leurs investissements de modernisation (robots, fabrication additive, numérique industriel). Par ailleurs, un article de mai 2025 rappelle que les dispositifs tels que le Prêt Nouvelle Industrie (3 à 15 M€) ou le fonds SPI pour sociétés de projets industriels sont mobilisés pour la relocalisation ou la modernisation. Le programme labellisé France 2030 joue également un rôle de catalyseur pour la fabrication stratégique, en lien avec les aides territoriales, à l’exemple de l’aide « Accélérer la transition écologique des Territoires d’industrie » qui peut aller jusqu’à 80 % de subvention. Ces dispositifs montrent une palette d’outils publics visant à soutenir tant la modernisation que la relocalisation. Toutefois, les critiques restent présentes : le rapport de la Cour des comptes sur le programme « Territoires d’industrie » relève un effet limité sur l’emploi industriel local malgré 2 000 projets engagés. Cela souligne que les aides ne font pas tout et que la mobilisation locale, la chaîne d’approvisionnement, l’innovation et la compétitivité restent des leviers essentiels.
En conclusion, l’industrialisation française et le « fabriqué en France » forment un couple stratégique aux enjeux multiples. La dynamique est bien présente. Les indicateurs affirment une reprise modérée des implantations industrielles et un soutien citoyen important au Made in France. Mais cette dynamique est freinée par des contraintes externes et internes, et les attentes sont élevées tant du côté des citoyens que des dirigeants. Les dispositifs publics sont nombreux et récents, mais leur efficacité dépendra de la capacité des acteurs à les mobiliser dans un cadre compétitif et innovant. Pour un industriel, un donneur d’ordre ou un observateur, l’enjeu consiste désormais à relier production nationale, modernisation technologique, coopération territoriale et compétitivité globale.
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