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La France introduit un affichage de l’impact des vêtements

Posté le 3 novembre 2025
par La rédaction
dans Matériaux

La France vient de publier les textes qui instaurent un «coût environnemental» pour les produits textiles, visant à informer les consommateurs sur l’impact écologique de leurs achats. L’entrée en phase volontaire a débuté en octobre 2025.

Le 6 septembre 2025, le gouvernement français a adopté le décret n° 2025-957 ainsi qu’un arrêté associé, fixant les modalités de calcul et de communication du « coût environnemental » des produits textiles d’habillement. Ce nouveau dispositif vise à instaurer un affichage clair de l’impact environnemental des vêtements tout au long de leur cycle de vie, et s’inscrit dans la continuité des politiques d’affichage environnemental et de lutte contre l’« éco-blanchiment ».

Le système est volontaire depuis le 1er octobre 2025, mais il deviendra plus contraignant pour les fabricants, importateurs et distributeurs de vêtements commercialisés en France. Les entreprises qui choisissent d’afficher une mention relative à l’impact environnemental d’un produit devront alors accompagner cette mention du score « coût environnemental » calculé selon la méthodologie définie.

Champ d’application et exclusions

Le dispositif s’applique aux produits textiles d’habillement mis sur le marché français par des fabricants, importateurs ou distributeurs, quelle que soit leur origine. Sont notamment exclus les produits textiles destinés à d’autres usages que l’habillement (linge de maison, couvertures, etc.), les vêtements jetables ou à usage unique, les articles contenant des composants non modélisés (c’est-à-dire dont les données environnementales ne sont pas disponibles et/ou qui ne sont pas intégrées dans le modèle d’évaluation), les chaussures et accessoires, ou encore les vêtements d’occasion.

Méthodologie de calcul

Le score « coût environnemental » agrège les impacts environnementaux tout au long du cycle de vie, depuis l’extraction des matières premières, la transformation, la distribution, l’usage et jusqu’à la fin de vie. La méthode exploite notamment les 16 indicateurs du cadre européen « Product Environmental Footprint » (PEF), tels que le changement climatique, l’acidification, la toxicité humaine ou l’écotoxicité. En complément, elle introduit deux catégories spécifiques aux textiles : le relargage de microfibres et l’exportation de déchets textiles hors Europe.

Un coefficient de durabilité est également appliqué, modulant le score en fonction notamment de l’offre de réparation de l’article ou de la largeur de la gamme (plus une collection est large, plus l’obsolescence estimée est rapide). Le résultat est exprimé en « points d’impact », un chiffre où un score plus faible correspond à un impact environnemental moindre.

Lorsque la marque opte pour l’affichage du coût environnemental ou fait une revendication d’impact environnemental, le score devient obligatoire. L’étiquette, physique ou numérique, affiche deux valeurs : le score total et le score pour 100 g de produit, selon une charte graphique officielle.

À noter que si, au 1er octobre 2026, la marque n’a pas publié son propre score, des tiers (détaillants, ONG, plateformes) pourront publier ce score eux-mêmes sans accord de la marque.

Enjeux et implications pour l’industrie textile

Cette mesure représente une étape majeure pour la filière textile et mode française, confrontée à des enjeux de durabilité, d’écoconception et de transparence. Les fabricants vont devoir cartographier et documenter de manière fine leurs chaînes d’approvisionnement, collecter des données sur matières, procédés, transports, utilisation, fin de vie, etc. Ceux qui s’y prendront tôt pourront transformer cette contrainte réglementaire en avantage compétitif, en avançant un meilleur suivi des performances et l’amélioration des processus, mais aussi une anticipation de la réglementation européenne à venir.

En revanche, l’utilisation de données génériques ou le retard de la mise en œuvre peut conduire à un score défavorable, ce qui pourrait avoir des conséquences sur la réputation, la comparabilité des produits, voire le contrôle par les autorités.

Vers une harmonisation européenne ?

Si le dispositif français est national, il s’appuie sur des principes utilisés au niveau européen (PEF) et peut servir de pilote pour une harmonisation à l’échelle de l’Union. Les acteurs de l’industrie textile devront donc non seulement répondre aux exigences nationales, mais aussi anticiper l’évolution du cadre réglementaire européen.

Le lancement du dispositif « coût environnemental » des produits textiles en France marque ainsi une avancée significative vers une plus grande transparence et responsabilité dans le secteur. Les entreprises concernées doivent désormais être capables de produire des données fiables, de les utiliser pour calculer un score conforme, et communiquer ce dernier de manière visible. Si la phase initiale est volontaire, elle ouvre la voie à une obligation renforcée dès 2026, quand des tiers pourront publier les scores en l’absence d’initiative de la marque. Ce nouveau système pourrait modifier en profondeur la manière dont les produits textiles sont conçus, évalués et perçus par les consommateurs.


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