Décryptage

Le marché mondial de la fabrication additive métallique explose

Posté le 23 octobre 2019
par Sophie Hoguin
dans Entreprises et marchés

Le marché de la fabrication additive métallique mondial dépasse toutes les prévisions de croissance. Machines, fournitures, matériaux, logiciels, services, toute la chaîne en amont de la production se structure et augmente ses parts de marché.

Les données sur le marché mondial de la fabrication additive métallique sont aujourd’hui issues de différentes enquêtes de cabinets d’études, généralement américains. Les chiffres peuvent donc varier d’une source à l’autre mais tous les rapports vont dans le même sens : le marché de la fabrication additive métallique est en plein essor depuis 2015 et connaît une croissance rapide qui ne devrait pas se démentir avant plusieurs années.

Ainsi, dans son rapport 2019 sur le marché de la fabrication additive avec poudre métallique, le cabinet d’analyse Smartech Analysis évaluait le chiffre d’affaires du marché (machines, équipements, services) à 3,3 milliards de dollars pour 2018 avec une projection de croissance permettant d’atteindre 11 Md$ en 2024. Le rapport précise que les technologies sur lit de poudre représentent actuellement 80 % de toutes les installations mondiales mais que les ventes d’équipements de fusion sur lit de poudre ont marqué le pas en 2018 au profit de nouvelles technologies qui ont permis au marché de continuer sa croissance. Des technologies alternatives portées par de grands équipementiers comme Desktop metal, GE additive, HP, Stratasys qui proposent outre les équipements, tout un accompagnement du client permettant plus facilement aux entreprises de s’approprier ces nouvelles technologies.

En 2018, SmartTech Markets Publishing estimait que le nombre de machines dédiées à l’impression 3D métal avait augmenté de 80 % entre 2017 et 2016 et estimait que les revenus générés par ce marché était de 1,15 Md$ en 2017 contre 950 M$ en 2016, soit une croissance de 20 %. De son côté, le Wohlers Report de 2019 consacré à la fabrication additive notait une forte croissance du marché des matériaux de fabrication additive, notamment sur le segment des métaux avec une croissance de 41,9 % entre 2017 et 2018 dans la continuité des cinq dernières années. Une progression logique qui suit celle du marché des solutions ou des machines. Ce même cabinet estimait ainsi en 2018 que 1 768 solutions de fabrication additive métal auraient été vendues en 2017 contre 983 en 2016, (soit une hausse de 80% environ). Pour le cabinet d’audit et de conseil Deloitte, dans son rapport annuel Technology, Media and Telecommunications Predictions, le segment des matériaux d’impression 3D métal est passé de 28 % de parts de marché à 36 % entre 2017 et 2018 tandis que la part des plastiques est passée de 88 % à 65 %. Le cabinet n’hésitant pas à annoncer qu’à cette vitesse, le marché des matériaux métalliques pour la fabrication additive pourrait dépasser celui des plastiques dès 2020 ou 2021.

Les leviers de la croissance

Le marché global souffre cependant parfois d’une hésitation des clients à investir dans des équipements où les innovations sont rapides et qui pourraient donc être dépassés ou au moins bien moins performants que les machines qui sortent juste un an plus tard. SmartTech Analysis relève ainsi un certain attentisme des entreprises qui se préparent à investir mais attendent plus de maturité du marché. Le cabinet estime ainsi que pour que la croissance du marché ne soit plus limitée sur le moyen/long terme, il faudra progresser sur trois aspects essentiels : les logiciels, les services et la normalisation.

Derrière ces chiffres parfois impressionnants, notamment pour un marché extrêmement jeune et des volumes encore modestes comparés au marché global de la métallurgie, on trouve cependant des leviers solides indiquant une réelle implantation des nouveaux modes de production liés à la fabrication additive. Ainsi, la croissance s’explique en premier lieu par un début de maturité des solutions de fabrication proposées. Les machines ne sont plus seulement capables d’assurer des productions de prototypage rapide mais bien d’être compatibles avec la production de petites séries à des cadences industrielles honorables pour des produits soit haut de gamme soit très bas de gamme (imprimante métal de bureau).

En parallèle de l’amélioration des machines tant sur le plan de la productivité, de la qualité que de l’ergonomie, les technologies se sont diversifiées et certaines rendent l’accès financier à la fabrication additive métallique plus aisé (solution de Metal binder jetting par exemple comparée à des solutions de fusion par laser). Les matériaux continuent d’évoluer et le choix s’est beaucoup élargi permettant à de nouvelles industries de s’intéresser à ces nouvelles technologies. Enfin, ces deux dernières années ont vu l’arrivée de géants de l’industrie métallique s’emparer du marché : GE, HP pour les machines ou encore la création de véritables sociétés de services proposant des solutions clés en main pour les industries (sur le modèle d’Add-Up en France). Par ailleurs, au niveau des industriels eux-mêmes, le travail de qualification des processus de fabrication mené depuis parfois plus de 10 ans (notamment dans l’aéronautique et le spatial) porte désormais ses fruits et depuis quelques mois, on ne compte plus les pièces métalliques imprimées en 3D qui sont intégrées à des avions, hélicoptères, satellites etc.

Ce marché jeune est donc en pleine croissance et en pleine structuration et devrait voir dans les années à venir ses volumes et ses revenus continuer de croître avec des acteurs qui devraient se concentrer de plus en plus pour soit opérer sur l’ensemble de la filière soit pouvoir offrir plus de services et de solutions au cas par cas à leurs clients.


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