Décryptage

Le renouveau de l’agroalimentaire français par l’innovation

Posté le 22 novembre 2018
par Matthieu Combe
dans Entreprises et marchés

Pour dépasser la guerre des prix, trouver de nouveaux débouchés à l’export, entraîner leur transition digitale et répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, les entreprises agroalimentaires françaises misent désormais sur l’innovation.

Selon l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), l’agroalimentaire est le premier secteur industriel français. Il compte 17 647 entreprises, dont 77 % de TPE et 21 % de PME, pour un chiffre d’affaires de 180 milliards d’euros. C’est également le premier employeur industriel avec plus de 429 000 salariés. En face de ces entreprises, la guerre des prix que se livrent les quatre enseignes majoritaires de la grande distribution depuis 2013 contribue à l’érosion des marges et menace la capacité d’investissement des TPE-PME.

Ce combat a fait perdre 6 milliards d’euros en cinq ans aux entreprises alimentaires. Leurs taux de marges sont au plus bas niveau depuis 40 ans: ils ont perdu 7 % depuis 2007. La loi EGAlim votée début octobre souhaite mettre fin à cette situation. Elle encadre les promotions et met fin à la vente à perte.Face aux nouvelles attentes des consommateurs en termes de santé, d’authenticité, de transparence et de bien manger, la loi veut également faire passer le renouveau de la filière par l’innovation.

Les défis des entreprises agroalimentaires

Dans cette perspective, le contrat stratégique de la filière alimentaire a été signé le 16 novembre dernier par l’Ania, Coop de France et le gouvernement. Ce contrat propose une feuille de route pour une alimentation plus sûre, saine, durable, et accessible à tous. Il vise à répondre aux attentes des consommateurs ainsi qu’aux besoins de compétitivité et de modernisation du secteur. Il entend notamment accélérer la numérisation des informations sur les produits alimentaires, pour répondre aux demandes de transparence des consommateurs et accélérer la transition digitale des entreprises.

Suite aux Etats généraux de l’alimentation et des plans de filière, l’appel à candidature pour rejoindre le premier accélérateur PME agroalimentaire est ouvert. Un programme d’accompagnement d’une durée de 24 mois pour répondre aux cinq besoins de modernisation et d’innovation identifiés au sein de cette filière. Il s’attachera à structurer la montée en gamme de l’offre des PME dans un contexte global de développement de la RSE dans la filière. Il aidera les entreprises à sécuriser leurs approvisionnements en amont et à diversifier les débouchés en aval, notamment à l’export. Enfin, il aidera à valoriser les métiers et à assurer la transition digitale.

Cap sur l’exportation

Si les opportunités à l’export sont nombreuses, seules deux entreprises françaises sur dix exportent contre huit sur dix en Allemagne. Et l’international ne représente que 21 % du chiffre d’affaires réalisé par les entreprises agroalimentaires. L’Ania estime donc que la marge de progrès demeure immense avec de nombreux marchés extérieurs largement sous-exploités. Plus de 66 % des exportations agroalimentaires sont à destination de l’Union-Européenne contre 14 % vers l’Asie et 10 % vers les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.

Afin d’identifier les freins qui limitent le développement des exportations, l’Ania a lancé une grande enquête qui pointe plusieurs difficultés. En premier lieu, un manque de moyens humains, et notamment de commerciaux. Face à ces constats, l’Ania lancera en 2019 un « plan Marshall de l’export » pour aider les entreprises à passer le cap. L’association mettra en œuvre des programmes collectifs opérationnels et renforcera son Club export co-animé avec Business France. Enfin, elle lancera de nouveaux dispositifs d’accompagnements individuels des entreprises avec le déploiement des équipes de TEAM France en régions.

« Ce plan Marshall ouvre une nouvelle dynamique, un nouvel état d’esprit plus offensif qui va permettre à nos entreprises petites, moyennes et grandes, présentes dans toutes les régions, de remonter sur la plus haute marche du podium des exportateurs alimentaires », prévient Richard Girardot, Président de l’Ania.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


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