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Module Carré recycle les déchets en revêtements de sol

Posté le 11 août 2023
par Camille PASCHAL
dans Matériaux

Que faire de nos objets du quotidien en fin de vie ? Pour la jeune entreprise Module Carré, la réponse est simple : des revêtements de sol. Grâce à un procédé pauvre en produits chimiques, elle garantit une nouvelle vie à nos déchets.

En 2018, Giovanni Belloni et Nicolas Brutin créent la société Module Carré, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 2,2 millions d’euros en 2022. Forte de quatre employés et située à Orléans, l’objectif de la jeune entreprise est de fournir des revêtements de sol fabriqués grâce à des matières plastiques recyclées. « Nous voulons développer des matières recyclées. Nous faisons déjà du PVC et du caoutchouc à partir de pneus usagés. Ces revêtements sont utilisés dans les salles de sports, en intérieur ou en extérieur. Nous proposons aussi des sols en polypropylène recyclé pour les piscines par exemple », détaille Giovanni Belloni, co-fondateur et directeur commercial de Module Carré.

Le polystyrène comme décoration

En 2020, les partenaires souhaitent pousser leur concept plus loin. Ils prennent alors contact avec la société The Good Plastic Compagny qui récupère des déchets en polystyrène tels que les portes de frigos, les claviers d’ordinateurs ou l’électroménager, qui seraient autrement enfouis ou incinérés, pour en faire des granulés de plastique. « Une fois ces plastiques broyés, nous les thermocompressions pour en faire des grandes plaques. Aucun additif n’est employé, que ce soit les colorants ou les colles », précise Giovanni Belloni. Ce matériau rigide, baptisé Polygood, peut être peint, gravé, percé ou découpé comme le serait un panneau en bois, auquel il peut d’ailleurs se substituer. Le cofondateur ajoute : « Nous travaillons beaucoup avec les architectes et les designers d’espace. Nos panneaux ont été utilisés par Nike pour leurs présentoirs et bacs de recyclage de vêtements ou par Adidas pour mettre en avant leurs produits. Il nous arrive aussi de collaborer avec des particuliers quand ils veulent réaliser un plan de travail de cuisine par exemple ». Ces plaques ne contiennent pas de composés organiques volatils (COV). La gamme Polygood se décline en deux catégories, « classic » et « basic », qui assurent une répétabilité des décors. Mais l’entreprise possède une multitude de sources de déchets polystyrène, qui lui permet de s’adapter à la demande client et de créer des décors sur-mesure tout en se passant de colorants.

Ces panneaux se vendent entre 100 € et 200 € hors taxe du mètre carré. « Pour l’instant nous ne sommes pas dans la production à grande échelle, car nous avons besoin de plus de volumes. Mais à terme, nous souhaitons passer à des prix aux alentours de 60 € du mètre carré », développe le cofondateur. Dans une démarche d’économie circulaire, Module Carré réintègre également ses rebuts à sa production.

Développer le recyclage

En 2022, Module Carré a permis de recycler 750 tonnes de déchets, ce qui équivaut à une production d’environ 1 000 panneaux par an. Et l’entreprise ne compte pas s’arrêter là. Elle développe notamment son partenariat avec The Good Plastic Company. En mai 2023, Module Carré est devenue la filiale française du groupe. « Nous nous occupons de promouvoir, stocker et distribuer Polygood », précise Giovanni Belloni. La prochaine étape pour les partenaires est de créer un revêtement de sol en polystyrène.

En parallèle, Module Carré a mis en place un programme pour reprendre et recycler les chutes des panneaux de ses clients pour les transformer en nouvelles plaques. « La prochaine étape pour nous est de se concentrer sur l’ignifugation en utilisant d’autres plastiques recyclés ou des matières naturelles toujours dans l’optique de ne rien rajouter dans nos panneaux », ajoute Giovanni Belloni. Pour l’instant, les panneaux du groupe sont revêtus d’une fine couche de vernis qui permet une tenue maximale au feu (M2) et qui conserve la recyclabilité à 100 % du Polygood.

Et le cofondateur de conclure : « Nous croyons à fond dans notre procédé, à l’économie circulaire et aux nouvelles sources de matériaux qui vont devenir indispensables avec le réchauffement climatique ».


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