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Quel climat pour la France en 2050 ?

Posté le 28 octobre 2021
par Maud BUISINE
dans Environnement

À la veille de la Cop26, les scientifiques du CNRS font le point sur le changement climatique. Quels seront les impacts en France ? À quoi faut-il se préparer ? Quels sont les leviers d’action ?

C’est maintenant une certitude : le réchauffement climatique actuel est sans précédent depuis 2001 et il est sans retour. Nous entrons dans un nouveau monde dans lequel il y aura un impact très fort avec des vagues de chaleur, des pluies diluviennes, des sécheresses et une élévation du niveau de la mer. « Nous avons constaté un réchauffement de l’océan jusque 4 000 m de profondeur, entraînant la fonte des calottes glaciaires et une hausse du niveau de la mer estimée à 1 mètre en 2100 si on continue à ce rythme », explique Jean-Baptiste Sallée, océanographe au CNRS et « auteur principal » du dernier rapport du Giec.

Le réchauffement est plus rapide dans les zones tempérées

En France, l’augmentation de la température moyenne a atteint 2,3°C en 2020 contre 1,2°C au niveau mondial : « le réchauffement climatique n’est pas homogène sur la planète : la France et les régions tempérées sont bien au-dessus de la moyenne mondiale avec plus de 2°C, alors que les zones tropicales sont en dessous de la moyenne, environ 0,5°C », précise Joël Guiot, paléoclimatologue au CNRS et co-président du Groupe régional d’experts sur le climat de la région Sud.

Canicules, incendies de forêt et épisodes méditerranéens

Le sud de la France, et plus généralement tout le pourtour méditerranéen, est déjà impacté par la baisse des précipitations et des vagues de chaleur importantes : en 2019, la région PACA a connu des pics de températures inédits jusque 46°C, entraînant des feux de forêt et un indice de feu élevé. À l’avenir, les sécheresses seront plus intenses encore l’été, renforçant le risque de mégafeux semblables à ceux d’Australie et de Californie. En 2100, la végétation méditerranéenne s’étendra jusqu’au nord de Bordeaux.

Les épisodes de pluie intense ou « épisodes méditerranéens » seront plus fréquents et plus extrêmes : en 2020, la région a subi deux événements historiques avec des cumuls de précipitations exceptionnels de plus de 500 mm (soit 500 litres par mètre carré) en 24 heures. Ces pluies diluviennes sous forme de « lames d’eau » entraînent des crues dévastatrices et des glissements de terrain.

Les villes en surchauffe et les zones côtières sous la menace d’érosion et de submersion

Le climat des villes sera bouleversé, avec des épisodes de canicules accentués par le phénomène d’îlots de chaleur. « Les structures urbaines et l’occupation des sols impactent fortement les premières couches atmosphériques et créent un microclimat local, avec des conséquences importantes au niveau sanitaire et sur la surconsommation d’énergie », décrit Julia Hidalgo chargée de recherche au CNRS en climatologie urbaine. En 2050, Paris aura le climat proche de celui d’Istanbul aujourd’hui.

L’élévation du niveau de la mer, estimée à 1 mètre à l’horizon 2100, associée aux tempêtes ou grandes marées entraînera des phénomènes de submersions marines et des risques d’inondations plus importants dans les villes côtières. L’érosion des côtes sera très variable selon les profils géologiques : les falaises de la Manche voient déjà leur trait de côte reculer, tandis que les côtes sableuses de l’Ouest connaissent d’importants mouvements d’avancée ou de recul du littoral selon les zones.

Conséquences pour la France : carte des impacts observés ou à venir d’ici 2050 (ONERC)

Ne rien faire coûtera plus cher que d’agir pour le climat

Les aléas climatiques sont en nette augmentation sur l’ensemble du territoire : depuis 2001, 2 068 événements naturels dommageables ont été dénombrés en France (métropole et DOM), causant 30 875 morts et plus de 55 milliards d’euros rien qu’en dommages assurés (chiffres I4CE). Les inondations sont les événements les plus extrêmes les plus coûteux en vie humaine et en dégâts.

Dans les zones urbaines, différentes mesures sont possibles pour adapter l’urbanisme et le bâti : réintroduire des espaces d’eau et de végétation, réduire les surfaces artificielles, développer les techniques d’ombrage et la ventilation naturelle, utiliser des matériaux isolants, limiter les rejets de chaleur dus aux bâtiments, au trafic routier et à l’industrie.

Les outils de diagnostics, le partage de l’information et l’accès aux données climatiques seront indispensables pour mettre en place des aménagements adaptés. « C’est à l’échelle régionale que les effets du réchauffement climatique se font le plus ressentir et c’est à cette échelle qu’on peut créer des solutions innovantes d’adaptation et d’atténuation », explique Bruno Castelle, chercheur au CNRS.

Ces mesures pour limiter le changement climatique peuvent également générer des bénéfices sanitaires à court terme (réduction de la pollution atmosphérique, bruit…). Il sera essentiel de les expliquer afin d’impliquer très tôt les citoyens et pour une meilleure acceptabilité.

Les prochaines décennies auront une influence décisive sur la stabilisation du climat à venir. « Nous pouvons encore agir pour atténuer les impacts du réchauffement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre », martèlent les scientifiques. C’est tout l’enjeu de la prochaine COP26 à Glasgow.

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