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Un datacenter immergé pour chauffer une résidence

Posté le 28 octobre 2022
par Philippe RICHARD
dans Énergie

Innovation originale et prometteuse, une entreprise française a entamé la construction d’un datacenter immergé dans un bain d’huile usagée. En plus d’être peu énergivore, son centre de données permettrait de refroidir et d’assurer la fourniture d’eau chaude sanitaire de programmes résidentiels. Une première mondiale.

La crise énergétique touche aussi l’informatique. Confrontés à des hausses de leurs factures d’électricité, des opérateurs de datacenters sont contraints de revoir à la hausse leurs tarifs. Il y a quelques mois, Interxion a annoncé à ses clients français une hausse de 14 %.

Les opérateurs de datacenters n’ont pas attendu la crise énergétique que nous connaissons actuellement pour étudier différentes pistes permettant de limiter leur consommation en énergie.

Traditionnellement, les serveurs des gros centres de données sont refroidis en aspirant de l’air froid à une extrémité et en l’expulsant à l’autre extrémité. Ces bâtiments ont été conçus pour optimiser cette méthode de refroidissement en créant des îlots froids et des îlots chauds.

Huiles de cuisson usagées

Mais ce n’est pas l’idéal, car cette solution est particulièrement énergivore et émettrice de gaz à effet de serre. De plus, la conductivité thermique de l’air n’est pas très élevée. Nous l’avons tous constaté cet été. Lorsqu’il fait chaud, nous utilisons des ventilateurs pour nous rafraîchir, mais à un moment donné, ces appareils ne suffisent plus et nous nous tournons généralement vers une solution plus efficace : l’eau. Par exemple, une grosse serviette humide placée devant un ventilateur.

Plus récemment, des datacenters ont intégré le refroidissement adiabatique. Cette technique consiste à faire passer un flux d’air chaud dans une salle et à y vaporiser de l’eau. Mais cette solution implique des réglages très précis afin de ne pas être pénalisé par de la condensation sur les équipements à refroidir.

Étape ultime, le refroidissement liquide par immersion (Immersion Cooling). Les serveurs sont plongés dans un liquide diélectrique à base d’huiles de cuisson usagées ou de vidange des véhicules. Un bain d’huile qui oblige néanmoins l’opérateur de datacenters à développer ses propres serveurs, car aucun constructeur traditionnel ne produit à notre connaissance d’équipements adaptés à l’immersion. Cette solution oblige aussi à revoir les process de maintenance des matériels.

C’est néanmoins la solution retenue par TotaLinuX, une entreprise française basée dans la French Tech de Paris Saclay à Jouy-en-Josas et spécialisée notamment dans le HPC (high performance computing – calculs scientifiques et techniques complexes).

Plus de chaufferie

« Cette nouvelle technologie de refroidissement des serveurs informatiques, présente les avantages suivants : aucune émission de CO2, aucune consommation d’eau, aucun risque d’incendie contrairement aux datacenters en air, aucune humidité, aucune poussière et aucun bruit. Et surtout, elle permet de diminuer de près de 60 % la consommation d’électricité », souligne Frédéric Delpeyroux, fondateur et CEO de TotaLinuX.

Autre atout mis en avant par ce spécialiste, la possibilité de réchauffer le bâtiment intégrant le datacenter, mais aussi des logements environnants comme des installations municipales (piscines, centres sportifs…). La chaleur dégagée par le datacenter en fonctionnement est transformée en énergie thermique récupérable. Plus la peine d’avoir une chaufferie.

Cette idée est en passe de se concrétiser avec iTrium 1, première réalisation du programme Itrium de TotaLinuX. Les premières pierres d’un bâtiment ont été posées en juillet dernier en banlieue parisienne.

Les 2 500 m² de bureaux et d’exposition seront chauffés grâce à un centre de données immergé. Le bâtiment sera d’ailleurs labellisé selon la certification BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method), un standard de l’évaluation environnementale des bâtiments. D’autres projets sont prévus à l’horizon 2024-2025 avec ITrium 2, à Lannion, ITrium 3 à Montsoult et ITrium 4, dans le Val-de-Marne.


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