Créée en 2020, Heliosand développe depuis cinq ans un procédé breveté de vitrification solaire capable d’atteindre 4 000 degrés et de traiter des déchets considérés aujourd’hui comme quasi impossibles à recycler. Avec cette approche, elle veut proposer une alternative industrielle à la mise en décharge et à l’incinération, tout en contribuant à une économie plus circulaire. La construction d’une première station de 100 m2 marquera le passage au stade pilote et doit permettre de valider les performances à l’échelle industrielle.
Une technologie solaire conçue pour les déchets les plus difficiles
La loupe solaire d’Heliosand se présente comme une grande structure capable de concentrer l’énergie lumineuse sur un point focal pour générer des températures extrêmes. Ce procédé permet la vitrification des déchets, c’est-à-dire leur transformation en un matériau minéral stable et entièrement décarboné. L’entreprise affirme avoir obtenu plus de vingt études positives certifiant la qualité des matériaux produits en sortie, notamment pour les déchets amiantés.
Les validations menées par ALS Global, laboratoire certifié Cofrac, ont par exemple confirmé l’absence totale d’amiante résiduel après vitrification. Les fibres sont intégralement fondues et transformées en un matériau réutilisable, ouvrant ainsi la voie à une valorisation dans la construction.
Selon Heliosand, la technologie peut traiter quatre grands types de déchets issus d’industries variées. Ainsi, outre l’amiante, l’entreprise cite les boues sédimentaires provenant de ports ou de chantiers de tunnels, les déchets ultimes et les résidus de bauxite également appelés boues rouges. Ces catégories représentent aujourd’hui un défi majeur pour les collectivités et les entreprises, alors même que plus d’un tiers des déchets produits en France seraient non recyclables.
Sur son site, Heliosand met également en avant les performances énergétiques de la technologie. La loupe solaire ne nécessite aucune combustion et n’émet pas de CO₂ lors du traitement. Elle fonctionne uniquement à partir du rayonnement solaire, ce qui permet de réduire drastiquement l’empreinte carbone du processus et d’envisager des installations mobiles dans des zones fortement ensoleillées.
Un positionnement à la croisée de l’innovation industrielle et de la gestion des déchets
Avec cette technologie, Heliosand se positionne sur un segment encore peu exploré de l’industrie du traitement des déchets. La vitrification existe depuis plusieurs décennies mais reste énergivore et coûteuse lorsqu’elle repose sur des procédés conventionnels au gaz ou à l’électricité. En utilisant exclusivement l’énergie solaire concentrée, l’entreprise veut démontrer qu’il est possible de réduire les coûts énergétiques tout en réintroduisant sur le marché des matériaux aujourd’hui classés comme dangereux ou non valorisables.
Le projet s’inscrit en outre dans un contexte de pression croissante sur la gestion des déchets industriels et de renforcement des réglementations européennes relatives à la pollution des sols et à l’élimination des substances dangereuses. Plusieurs secteurs, du BTP à la construction d’infrastructures, cherchent des solutions à la fois plus propres et plus économiques pour réduire leur empreinte environnementale.
Si la phase pilote confirme les performances annoncées, la loupe solaire pourrait apporter une réponse innovante à ce besoin, en ouvrant une nouvelle voie dans la valorisation de matières jusque-là considérées comme perdues. L’entreprise met déjà en avant la possibilité de produire localement des matériaux de construction neutres en carbone, qui pourraient remplacer une partie des matériaux traditionnels dont la production reste fortement émettrice.
En choisissant de coupler innovation technologique et financement citoyen, Heliosand joue une stratégie ambitieuse mais cohérente avec son objectif de transformer la gestion des déchets industriels. La réussite du pilote de Lyon, attendue pour 2026, constituera une étape décisive pour valider la maturité de la solution et évaluer son potentiel d’industrialisation.
La loupe solaire d’Heliosand témoigne dès lors de la vitalité des initiatives françaises cherchant à mobiliser l’énergie solaire pour repenser les modèles industriels et répondre aux enjeux environnementaux les plus complexes.
Une étape d’industrialisation soutenue par un financement citoyen
Pour accélérer la phase industrielle, l’entreprise a ouvert une campagne de financement participatif destinée à compléter les investissements nécessaires. L’objectif affiché est de réunir 500 000 euros d’ici le 10 décembre, sur un total des 1,5 million d’euros requis pour la construction du pilote. Cette démarche se veut complémentaire du soutien déjà apporté par plusieurs partenaires industriels implantés en France.
La levée de fonds a également une dimension de mobilisation autour d’un projet que ses fondateurs présentent comme un outil de transition environnementale. Elle doit permettre d’installer le premier prototype opérationnel chez un client dès le second trimestre 2026 et de poser les bases d’un déploiement plus large. Heliosand prévoit la construction d’une centaine de stations de recyclage mobiles d’ici 2035, capables de se déplacer au plus près des gisements de déchets pour limiter les transports et maximiser l’efficacité opérationnelle.
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