Porté par la société de projet H2 Créteil, qui réunit SUEZ, SIPEnR (filiale du Sipperec) et la Banque des Territoires, le site val-de-marnais est directement raccordé à l’unité de valorisation énergétique (UVE) du SMITDUVM et se présente comme la plus grande station d’hydrogène renouvelable reliée en « ligne directe » à une UVE en France, inaugurée le 23 septembre 2025.
L’installation a été bâtie en douze mois. Elle vise une clientèle de mobilité professionnelle et publique à l’échelle du Val-de-Marne et, plus largement, de l’Île-de-France.
Le principe est simple sur le papier et exigeant sur le terrain : l’électricité issue de la combustion des déchets ménagers des 19 communes du syndicat alimente un électrolyseur qui dissocie l’eau pour produire de l’hydrogène gazeux destiné à la mobilité, avec une capacité nominale de 1 tonne par jour et une possibilité de doublement à 2 tonnes à terme.
Sur le plan réglementaire et de traçabilité, l’énergie de l’UVE est par nature une énergie de récupération dont 50 % est considérée d’origine renouvelable. H2 Créteil n’achète qu’une part de cette composante renouvelable et s’assure de son caractère « vert » via des garanties d’origine, un point explicitement cadré par l’exploitant.
L’usage prioritaire est présenté comme local et concret. Ainsi, dès la mise en service attendue en octobre 2025, l’hydrogène alimentera la ligne 103 d’Île-de-France Mobilités, exploitée par la RATP, ainsi que des camions de collecte des déchets de Grand Paris Sud Est Avenir et de territoires voisins.
La station est annoncée accessible 24 h/24 aux véhicules particuliers et référencée sur l’application FillnDrive pour la disponibilité en temps réel, la capacité et le prix à la pompe, ce qui doit faciliter l’approvisionnement des flottes et des pionniers particuliers de l’hydrogène en Île-de-France. L’implantation, au croisement de l’A86, de la RN 6 et de la RN 406, à une douzaine de kilomètres de Paris, vise une desserte efficace de la zone à faibles émissions métropolitaine.
Au-delà de l’infrastructure, le montage financier associe des fonds propres des partenaires et un complément de financement via la Banque des Territoires, mobilisé dans le cadre du programme européen CEF « Alternative Fuels Infrastructure Facility », avec le soutien de l’ADEME, de la Région Île-de-France et de la Commission européenne, ce qui illustre l’alignement du projet avec la stratégie nationale pour l’hydrogène décarboné à horizon 2030. L’antériorité du projet est documentée depuis 2024 par des communications officielles qui en précisaient déjà la cible de production et la connexion directe à l’UVE, avant l’étape d’inauguration de septembre 2025.
Sur le plan environnemental, les partenaires avancent un ordre de grandeur de 1 500 tonnes d’équivalent CO₂ évitées par an, soit l’équivalent des émissions de 17 bus thermiques, en substitution locale de carburants fossiles, avec l’ambition de proposer un hydrogène à un prix « aussi compétitif que le diesel » pour les usages visés. Si l’objectif de neutralité à l’échappement est acquis pour les véhicules à pile à combustible, le bilan amont dépendra du mix électrique de l’UVE et des garanties d’origine, dimension sur laquelle l’exploitant affirme un périmètre strictement renouvelable pour l’énergie achetée.
Du point de vue industriel, le projet s’inscrit dans une dynamique régionale documentée par les observatoires franciliens de l’énergie et de la mobilité, qui identifient le maillage en stations de distribution comme condition préalable à l’essor des flottes lourdes hydrogène en Île-de-France, en complémentarité des solutions batterie et bioGNV. À court terme, H2 Créteil doit contribuer à cette montée en charge, avec une capacité exportable vers d’autres stations franciliennes et une possibilité de montée à 2 t/jour selon la demande, ce qui pourrait élargir l’assiette d’utilisateurs au-delà des bus et des BOM (benne à ordures ménagères) vers des poids lourds de logistique et des utilitaires captifs.
Enfin, le signal est aussi politique : en reliant directement la gestion des déchets à la mobilité propre, la collectivité et ses partenaires proposent un schéma « circulaire et local » qui associe service public de traitement des déchets, filière industrielle et opérateurs de transport, avec un jalon opérationnel fixé à octobre 2025 et une promesse de service 24/7 pour les utilisateurs, éléments confirmés par les communications officielles des partenaires et la couverture spécialisée du secteur hydrogène.
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