Le groupe Airbus a fait parler de lui au Dubaï Airshow, le salon aéronautique qui s’est tenu tout au long de cette semaine à Dubaï. Non seulement le constructeur européen a profité de cet événement pour engranger les commandes auprès de plusieurs compagnies aériennes (200 engagements pris avec des clients tels qu’Etihad Airways, flydubai, Air Europa ou Ethiopian Airlines), mais il a aussi saisi cette occasion pour faire une annonce importante concernant l’A350.
À l’ouverture du salon, Airbus a ainsi affirmé par la voix de Christian Scherer, le directeur général de la division avions commerciaux, qu’une version agrandie de l’avion gros-porteur était en phase d’étude selon des propos recueillis par Reuters.
Ce projet vise à satisfaire un client en particulier : la compagnie aérienne Emirates basée à Dubaï. Une annonce sur fond de rivalité avec le constructeur américain Boeing puisque le président d’Emirates, Tim Clark, a demandé à Boeing de mener une étude de faisabilité pour développer une version allongée de son gros-porteur à savoir le 777-9. Il a affirmé, ce mardi, être confiant quant à la capacité de Boeing à mener ce projet.
Le marché des gros-porteurs relancé par les compagnies du Golfe et d’Asie
Les gros-porteurs seraient-ils de nouveau en vogue ? Surnommé la « Reine des cieux », le dernier 747 a été livré en 2023. Boeing avait été contraint d’arrêter la production de son quadrimoteur en raison d’une demande insuffisante.
Dans les années 2000, le plus gros avion de transport de passagers avait été détrôné par l’Airbus A380 ; ce dernier s’est finalement révélé être un échec commercial et sa production a cessé depuis 2021 faute de commandes. Ces dernières années, ce sont plutôt les avions bimoteurs plus petits et moins gourmands en carburants qui ont été privilégiés.
Selon Christian Scherer, l’élargissement de l’A350 est une réponse aux demandes faites par les compagnies du Golfe et d’Asie. Ces dernières sont en pleine phase de croissance et cherchent à contourner les contraintes liées à la saturation des créneaux ou à l’obtention des droits de trafic en recourant aux avions à grande capacité. Un A350, parfois désigné sous le nom d’A350-2000, pourrait leur offrir l’avantage d’une capacité de plus de 400 sièges.
D’autant plus qu’Emirates se prépare à remplacer sa flotte d’Airbus A380. Avec 116 appareils en service, l’A380 a fortement contribué au succès des hubs de Dubaï ou de Doha et au prestige de la compagnie. Cette dernière se tourne désormais vers le modèle concurrent, le 777-9 de Boeing d’une capacité de 500 passagers et qui est toujours dans l’attente d’une obtention d’une certification (prévue pour fin 2025 ou début 2026).
Défis technologiques
Même si les enjeux commerciaux sont importants, le volet technologique n’en demeure pas moins stratégique : un développement industriel soutenu est attendu de la part des motoristes qui devront s’assurer que cette version agrandie sera équipée d’un moteur assez puissant pour la propulsion de l’avion.
En 2023, évoquant les délais beaucoup trop courts entre chaque maintenance du moteur Rolls-Royce Trent XWB-97 de l’A350-1000, le président d’Emirates n’avait pas finalisé la commande et lui avait préféré l’A350-900. Selon Christian Scherer, Rolls-Royce, le motoriste britannique, cherche à remédier à ce problème pour offrir de meilleures performances de maintenance de son moteur.
Pour mettre toutes les chances de son côté, il est impératif pour Airbus de s’aligner sur les exigences des compagnies du Golfe, principaux clients de ces modèles.
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