Décryptage

La Bretagne à la pointe de la méthanisation

Posté le 18 septembre 2014
par Matthieu Combe
dans Environnement

Le conseil régional de Bretagne, l'ADEME et AILE viennent de présenter le bilan régional et les perspectives de développement de la filière méthanisation en Bretagne. La région est la plus dynamique en matière de développement de la méthanisation, au côté des Pays de la Loire.

Pour lutter contre les algues vertes en Bretagne, la méthanisation des effluents d’élevage est une voie explorée. Au 1er janvier 2014, on recensait en Bretagne une puissance électrique installée de 11 MW sur 41 unités de production et de valorisation de biogaz en fonctionnement. Il y avait 28 installations agricoles (à la ferme, collective et centralisées), une unité utilisant la Fraction Fermentescible des Ordures Ménagères, 4 unités pour l’Industrie agro-alimentaire, deux unités en Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux et 6 unités en stations d’épuration. 

En pays de la Loire, 19 installations agricoles sont également en service. A elles seules, les deux régions cumulent donc 47 unités agricoles, sur un total de 150 actuellement en activité en France. « Nos deux régions sont les plus actives en la matière. La forte présence de l’élevage et le développement de nombreuses » petites installations » à la ferme explique cette situation », affirme Sébastien Huet, chargé de la méthanisation à l’Ademe Bretagne. « Dans les autres régions, il y a proportionnellement plus de grosses installations », précise-t-il.

Que faire du biogaz produit ?

Les unités de méthanisation valorisent pour la plupart le biogaz en moteur de cogénération, produisant simultanément de l’électricité injectée sur le réseau régional et de la chaleur valorisée à proximité du lieu de production. Ceci s’explique par le fait que jusqu’en 2011, le tarif d’achat de l’électricité produit à partir de biogaz était le seul mécanisme de soutien. Depuis la publication des tarifs d’achat du biométhane injecté dans le réseau de gaz, plusieurs projets s’orientent vers cette valorisation du biogaz. 

En 2010, le pacte électrique breton a défini deux hypothèses de production d’électricité à partir de biomasse (bois + biogaz) : une hypothèse basse de 50 MW et une hypothèse haute de 120 MW dont 100 MW issu de biogaz. Mais l’injection de biométhane étant désormais possible dans le réseau de gaz naturel, les objectifs ont été modérés entre 50 et 80 MW électriques en 2020, pour laisser également la place à cette injection dans les projets. Fin 2014, la puissance électrique installée des unités de méthanisation devrait atteindre 20 MW. Pour quadrupler ce chiffre d’ici 2020, l’installation des projets devrait donc nettement s’accélérer.

A la ferme, les substrats utilisés se répartissent ainsi : 69% d’effluents d’élevage, 10% de cultures intermédiaires à vocation énergétique, 7% de déchets végétaux, 6% de déchets d’origine animale, 5% de cultures énergétiques et 3% de résidus de culture. « Les cultures intermédiaires à vocation énergétique sont des cultures intermédiaires qui sont implantées  entre deux cultures principales. C’est un peu la même philosophie que les cultures piège à nitrate (CIPAN) mais les CIVE sont implantées dans l’optique de les récolter pour être introduite dans le méthaniseur et produire de l’énergie. Etant implantées entre 2 cultures, elles n’entrent pas en concurrence avec les cultures alimentaires », explicite l’expert de l’ADEME. Les méthaniseurs bretons répondent donc pleinement à leur objectif : valoriser les effluents d’élevage, diminuer la pollution aux algues vertes, tout en produisant de l’énergie… Mais cela suffira-t-il à enrayer cette pollution tant décriée ?

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


Pour aller plus loin