Jim Rogers, le CEO de Duke Energy, a beaucoup fait la promotion de l’expression 5ème énergie, en tant que synonyme pour efficacité énergétique. Il la résume en quelques lignes : « la réponse traditionnelle à la demande croissante en électricité a été d’accroître la production, c’est-à-dire de construire plus de centrales alimentées par le charbon, le gaz naturel, l’énergie nucléaire ou les énergies renouvelables. Nous pensons que l’efficacité énergétique peut jouer un rôle important en réduisant la demande du consommateur et en devenant la « 5eme énergie » (5th fuel). Et parce que la centrale la plus propre est celle qui n’est jamais construite, nous pensons que l’efficacité énergétique est la plus grande ressource énergétique non exploitée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre à court terme ».Beaucoup d’analyses – citons l’important travail en 2008 du McKinsey Global Institute – ont montré, maintes fois, que l’approche la plus efficace en termes de coût pour réduire les émissions de CO2 est de mettre davantage l’accent sur l’efficacité énergétique. En fait, il y a 30 ans que le fondateur du Rocky Mountain Institute, Amory Lovins, a commencé ses observations prouvant que l’efficacité énergétique est souvent moins coûteuse que l’apport d’une production complémentaire – sans parler de l’objectif de réduction des émissions.Alors, si cette efficacité énergétique est si formidable, pourquoi ne cherche-t-on pas à la mettre en œuvre plus largement ? C’est d’ailleurs la question centrale posée par le numéro de Time du 12 janvier, dans sa « cover story ».Sans doute, une des raisons est que cette efficacité énergétique apparaît, disons le, ennuyeuse. A coté de l’innovation excitante des panneaux solaires et des turbines à vent, ou même de la nostalgie esthétique des vieux puits de mine et des plates-formes pétrolières, l’efficacité est invisible : vous ne pouvez pas voir ce que vous ne consommez pas. Il est difficile pour la plupart d’entre nous de se passionner pour l’absence de quelque chose. D’où l’intérêt de l’expression « 5eme énergie » pour essayer de donner vie, aux yeux du public, à cette forme d’énergie et la mettre sur le même plan que celles que l’on peut se représenter concrètement. Mais au delà de la sémantique et de la psychologie, le plus gros obstacle au développement de l’efficacité énergétique a souvent été l’argent. Comment financer ? Souvent, les économies qu’elle assure (sous forme de réduction des factures de consommation) n’intéressent pas ceux qui doivent au départ payer pour améliorer cette efficacité, soit qu’ils n’aient pas les moyens d’investir, soit que le temps nécessaire pour retrouver leur investissement leur paraît trop long. Des mécanismes financiers innovants sont nécessaires pour résoudre ces écarts. Heureusement, de nouvelles approches apparaissent de plus en plus souvent pour compenser ces faiblesses du marché qui ont freiné la pleine utilisation du potentiel offert par l’efficacité énergétique. C’est le cas à Berkeley, près de San Francisco, avec le programme FIRST (Financing Initiative for Renewable and Solar Technology) qui permet le financement des travaux par une augmentation de la taxe foncière. A Milwauke, dans le Wisconsin, on a pris l’initiative de programmes d’incitation fiscale pour favoriser les installations solaires ( voir ME2 – Milwaukee Energy Efficiency ). Dans les deux cas, la recherche de l’efficacité énergétique devrait être plus attractive pour de nombreux consommateurs, qui bénéficieront d’incitations fiscales qu’ils n’auraient pas eu s’ils n’investissaient pas. Les mécanismes aboutissent à leur demander des paiements périodiques très limités alors que dans le même temps les économies d’énergie qu’ils réalisent chaque mois sont substantielles.Richard T. Stuebi travaille à la Cleveland Foundation, fondée en 1914 pour aider au développement de la ville de Cleveland, dans l’Ohio. Il est le fondateur et président de NextWave Energy, Inc. Source: CleanTech Blog.
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