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La France et les technologies critiques : un paysage contrasté en 2025

Posté le 9 septembre 2025
par La rédaction
dans Innovations sectorielles

Le Critical and Emerging Technologies Index 2025, publié par le Belfer Center de l’université Harvard, dresse un état des lieux des forces et faiblesses technologiques de 25 pays. Cet index se distingue par une approche fine, structurée en piliers transversaux (capital humain, financement, cadre réglementaire, sécurité, intégration internationale) et en indicateurs spécifiques par technologie. Plus de 3 000 données ont été collectées, allant du nombre de publications et brevets au volume des investissements publics et privés.

Cette méthodologie permet de comparer des pays de tailles très différentes et de faire ressortir des tendances structurelles.

Le rapport issu de cette analyse classe la France au 9ᵉ rang, une place en ligne avec son poids économique mondial (7ᵉ PIB). Cependant, bien qu’honorable, ce résultat traduit surtout une situation contrastée selon les domaines.

Trois secteurs porteurs : IA, quantique et spatial

Dans trois filières, la France fait mieux que défendre sa place.

La France occupe ainsi le 6ᵉ rang mondial pour l’intelligence artificielle, ce qui confirme la vitalité de l’écosystème tricolore, soutenu par la stratégie nationale IA et des centres de recherche reconnus.

Elle figure par ailleurs au 7ᵉ rang pour les technologies quantiques, preuve que les efforts consentis dans ce secteur émergent commencent à porter leurs fruits, avec un tissu de startups, laboratoires et projets collaboratifs dynamiques.

Enfin, elle se place au 5ᵉ rang mondial pour le spatial, portée par le savoir-faire du CNES et d’Airbus, mais aussi par la montée en puissance des acteurs privés.

Ces résultats placent la France parmi les leaders européens, et montrent que sa taille modeste ne l’empêche pas d’occuper un rôle stratégique dans des domaines d’avenir.

Retards en semi-conducteurs et biotechnologies

À l’inverse, deux secteurs apparaissent comme des angles morts de la stratégie française.

La France se classe ainsi 12ᵉ, loin derrière les champions asiatiques (Corée du Sud, Taïwan, Japon) ou les États-Unis pour les semi-conducteurs. Or ces composants sont la base de toutes les technologies numériques, de l’IA aux réseaux de communication.

Elle occupe également la 12ᵉ place pour les biotechnologies, un rang en retrait alors que la France pouvait autrefois s’appuyer sur des leaders industriels et académiques. La perte de vitesse dans ce domaine est particulièrement notable face aux États-Unis et à la Chine.

Ces faiblesses constituent un risque stratégique : elles fragilisent la souveraineté technologique et l’autonomie industrielle du pays.

Quelles priorités pour la France ?

Au niveau continental, l’Europe affiche une bonne compétitivité dans la plupart des secteurs. Cependant, elle souffre d’une dépendance marquée dans les semi-conducteurs, face aux puissances asiatiques et américaine. La France n’échappe pas à cette tendance, et sa position médiane dans l’Index reflète les forces et fragilités de l’ensemble européen.

Le rapport du Belfer Center dresse la photographie d’un pays à double visage. Innovant et compétitif dans des secteurs d’avenir, il est capable de rivaliser avec les grandes puissances, mais il se révèle aussi vulnérable dans des domaines stratégiques, qui conditionnent l’ensemble des autres technologies.

Dans un contexte où la compétition mondiale autour des technologies critiques s’intensifie, ces contrastes interrogent sur la capacité de la France à maintenir son rang et à assurer son indépendance technologique.

Le rapport du Belfer Center invite dès lors la France à capitaliser sur ses points forts en consolidant ses positions dans l’IA, le quantique et le spatial. Ces filières doivent rester prioritaires, car elles représentent autant d’atouts industriels et scientifiques.

Il recommande par ailleurs de corriger les faiblesses en semi-conducteurs et biotechnologies. Les solutions évoquées passent par une augmentation des financements, un renforcement des partenariats internationaux et une meilleure structuration des filières.


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