TSE Energy est un producteur français indépendant d’énergie solaire et leader de l’agrivoltaïsme en France.
TSE développe, finance, construit et exploite des centrales solaires photovoltaïques sur différents types de foncier.
Chez TSE, Bertrand Drouot L’Hermine met en place, anime et déploie les partenariats avec le monde agricole, notamment les coopératives.
Techniques de l’ingénieur : Pourquoi TSE s’intéresse-t-il à l’agrivoltaïsme ?
Bertrand Drouot L’Hermine : En France, le solaire est « né en toiture ». Donc, comme la plupart des acteurs historiques du solaire en France, notre parcours a débuté par l’installation de centrales solaires en toiture[1]. Néanmoins, à partir de 2012, nous avons vu que l’avenir du solaire n’était plus aux toitures, mais aux centrales au sol et, depuis, nous travaillons sur ces sujets.
Mais qui dit solaire au sol, dit foncier. L’exécutif nous oriente ainsi vers tous types de terrains sur lesquels il n’y a aucun conflit d’usage : terrains dégradés, anciennes friches, anciennes carrières, sites pollués, etc.
Malheureusement, ces terrains ne sont pas toujours travaillables, trop éloignés des points de raccordement ou sont trop petits. Or, il y a une surface minimum à respecter pour qu’un projet économiquement viable puisse émerger, car plus le terrain est petit, plus l’électricité produite sera chère.
On arrive donc au bout du système consistant à exploiter les friches ou les abords d’autoroutes, surtout que ces surfaces ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux de la PPE et de la transition énergétique en France.
Le cycle actuel de déploiement des centrales au sol est donc en train de se terminer. Des projets vont continuer à sortir de terre, mais il reste peu de perspectives. Selon nous, le seul axe de développement du solaire qui reste est donc l’agrivoltaïsme.
Pourquoi l’agrivoltaïsme est-il amené à se développer ?
La baisse du coût de revient de l’énergie solaire et l’augmentation globale du prix de l’énergie sont des conditions favorables au développement de l’agrivoltaïsme.
Depuis 15 ans, on constate en effet une baisse continue du coût de revient de l’énergie solaire, liée à deux facteurs : l’effondrement du prix des panneaux et l’augmentation progressive de leur efficacité. Et ce n’est pas une question de dumping de la Chine, mais une conséquence du déploiement de giga-usines.
Pour les fabricants de centrales solaires, c’est une très bonne chose, car, il y a 15 ans, les panneaux représentaient 80 % du CAPEX d’une centrale. Aujourd’hui c’est moins de 10 % ! Ça veut aussi dire que nous sommes sortis de cette phase durant laquelle on pouvait dire que développer du solaire enrichit la Chine. Dorénavant, 80 % de la valeur totale qui est créée à travers une centrale solaire est de la création de valeur française ou européenne.
Le secteur fait donc face à des changements radicaux qui nous amènent à repenser totalement la façon de concevoir les centrales solaires. On peut désormais dé-densifier et réfléchir à la manière de faire cohabiter les services apportés et les différents enjeux, notamment agricoles, et cela sans mécanisme de soutien financier de la part de l’État !
Quels sont les enjeux de l’agrivoltaïsme pour le monde agricole ?
L’agrivoltaïsme est une synergie entre le monde agricole et le producteur d’électricité, ce qui fait toute sa beauté et sa complexité. Pour un acteur comme TSE, l’agrivoltaïsme est un moyen d’accéder à du foncier de très bonne qualité, répondant aux nombreuses contraintes d’un projet photovoltaïque : topographie, urbanisme, environnement, acceptabilité territoriale, intégration paysagère, raccordement, etc. Nous avons une vision très industrielle, sur le très long terme, et nous ne sommes pas présents par opportunisme financier, comme certains acteurs l’ont fait pendant des années.
Du point de vue de l’agriculteur, l’agrivoltaïsme est l’opportunité de répondre à la fois aux enjeux de résilience face au changement climatique, aux enjeux économiques, mais aussi de transmission des exploitations.
En quoi l’agrivoltaïsme répond-il aux enjeux de résilience climatique ?
Le monde agricole est déjà fortement impacté par le réchauffement climatique. Par exemple, cela fait quatre ans que les rendements du maïs s’effondrent dans le sud-ouest, à cause du manque d’eau. La gestion de la ressource en eau est ainsi le sujet crucial des dix prochaines années et le monde agricole dispose de plusieurs leviers, notamment utiliser des systèmes d’irrigation plus précis et limiter l’évapotranspiration des sols.
En agrivoltaïsme, en canopée comme sous tracker, les panneaux suivent la course du soleil, ce qui crée un ombrage balayant la parcelle en permanence et baisse un peu la température en été, ce qui limite l’évapotranspiration en préservant l’humidité des sols.
Nous répondons aussi aux enjeux d’irrigation : notre première canopée agricole, installée dans la Somme, intègre ainsi un système d’irrigation automatique précis permettant d’arroser la nuit. L’agriculteur concerné pense qu’il peut économiser entre 20 et 30 % de sa consommation d’eau grâce à ce système, ce qui n’est pas négligeable.
Enfin, notre système est également utile en sortie d’hiver, puisqu’il limite l’impact des gelées tardives en protégeant les cultures déjà sorties. Nous avons ainsi mesuré qu’en plaçant les panneaux à l’horizontale, durant la nuit, on déplace de 1°C à 1,5 °C le point de rosée. Même si on ne résout pas le problème des gelées tardives, on limite donc son effet.
Qu’en est-il des enjeux économiques ?
L’agriculture souffre d’un appauvrissement global et on observe un cumul de facteurs qui impactent la pérennisation financière des exploitations. Or, le modèle économique que nous portons, en codéveloppant les projets avec les coopératives agricoles, permet de faire ruisseler la création de valeur sur l’ensemble d’un territoire.
Lorsque TSE implante 1GW de panneaux solaires dans une région, nous emmenons avec nous 200 à 250 exploitants. La coopérative capte une partie de la valeur créée et répartit ensuite les gains sur les milliers d’adhérents de la coopérative, car la coopérative est un modèle intrinsèquement redistributif.
Pour les agriculteurs, les gains de l’agrivoltaïsme ont alors un double impact. Ils servent d’une part d’amortisseur économique pour réduire l’impact des « mauvaises années » et ainsi pérenniser les exploitations. Et les bonnes années, ces gains apportent une capacité d’investissement supplémentaire permettant à l’agriculteur d’arrêter de gérer de la décroissance, lui offrant la possibilité de relancer son exploitation : reconstitution du cheptel, mise à niveau de l’étable, etc.
L’agrivoltaïsme porté par TSE a vraiment pour philosophie d’aider le monde agricole. Et si nous travaillons autant avec les coopératives, c’est parce qu’elles reconnaissent cette prise en compte des enjeux agricoles comme point de départ de notre réflexion.
[1] En 2008, avec la société Altus Energy, de Mathieu Debonnet, co-fondateur de TSE
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Dans les ressources documentaires
- Centrales photovoltaïques - Conception des installations
- Électricité photovoltaïque et transition énergétique - Du rayonnement solaire au générateur PV
- Électricité photovoltaïque - Principes
- Électricité photovoltaïque et transition énergétique - Systèmes PV et applications
- L’agrivoltaïsme, outil de protection pour l’agriculture