Interview

Les nouveaux contrats d’achat d’électricité CPPA sont en pleine croissance

Posté le 5 novembre 2025
par Arnaud Moign
dans Énergie

Les CPPA sont des contrats d’achat d’électricité à long terme permettant aux industriels et au secteur tertiaire de faire face à la volatilité des prix de l’énergie tout en répondant à leurs objectifs RSE. En tant que développeur et producteur français d’énergie solaire, TSE propose ce type de contrat. Nous avons demandé à Bénédicte VIGNOBOUL, Directrice Valorisation chez TSE, de nous en parler.
Bénédicte Vignoboul, Directrice Valorisation chez TSE (Crédit : Martin Taburet)

 Acteur de référence dans le secteur photovoltaïque, TSE propose des solutions permettant de produire une électricité décarbonée, locale et compétitive, tout en soutenant la transition agricole et énergétique des territoires.

Techniques de l’ingénieur : Qu’est-ce qu’un contrat CPPA ?

Bénédicte Vignoboul : CPPA est l’acronyme de Corporate Power Purchase Agreement. Il s’agit d’un contrat de vente d’électricité direct entre une centrale de production d’énergie renouvelable et un consommateur d’énergie. Lorsqu’il souscrit un CPPA, le consommateur s’engage alors à acheter l’électricité produite par une centrale définie à un prix défini, pendant une durée de 12 à 20 ans.

Par ailleurs, lorsque la signature du CPPA concerne un actif renouvelable qui n’a pas encore été construit, on parle de CPPA greenfield. La signature du CPPA permet ainsi au développeur d’avoir une certaine visibilité sur ses revenus, qui est indispensable au financement de son projet et lui permettra de sortir de terre.

On touche ici à une notion clé des CPPA proposés par TSE : grâce au principe d’additionnalité, c’est la signature du CPPA par un consommateur qui permet l’émergence d’une nouvelle capacité renouvelable dans le mix énergétique français.

Ce type de contrat est-il développé en Europe et en France ?

Oui ! Les CPPA se sont fortement développés en France et en Europe, ces dix dernières années. Aujourd’hui le volume de CPPA greenfields signés en France représente déjà près de 5 TWh de production annuelle et ce chiffre dépasse les 100 TWh pour l’ensemble de l’Europe !

Du point de vue du consommateur, qu’est-ce qui motive la signature d’un CPPA ?

Le consommateur a un double intérêt. Il peut, d’une part, sécuriser une partie de son approvisionnement à un prix fixé sur le long terme. D’autre part, le CPPA lui permet d’atteindre ses objectifs RSE, en participant à la décarbonation du mix énergétique français et européen.

Pour ce qui est de l’aspect tarifaire, le souvenir des effets de la crise des prix de l’énergie en 2022-2023 est encore frais, et trop souvent douloureux pour les entreprises. Néanmoins, les consommateurs se rappellent aussi que ce n’est pas la première crise qu’ils ont subie depuis l’ouverture des marchés et qu’une autre crise peut survenir. Il ne faut pas oublier que les situations de crise observées sur les marchés de l’énergie dans les années 2008, 2017 et 2021 avaient des origines aussi diverses que complexes : indisponibilités du parc nucléaire, tensions sur les marchés gaziers ou pétroliers, sécheresses…

Les tensions sont donc fréquentes sur les marchés et rappellent l’importance pour les consommateurs de définir une stratégie de couverture court-moyen-long terme de leurs approvisionnements énergétiques permettant de limiter les impacts des crises géopolitiques ou météorologiques sur leur bilan financier.

Et pour ce qui est des objectifs RSE ?

On sait que les énergies fossiles représentent près de 60 % de la consommation énergétique française, soit près de 900 TWh. En effet, l’électricité, bien que très largement décarbonée en France grâce au parc nucléaire et renouvelable, représente moins de 30 % de cette consommation, et n’oublions pas que l’importation d’énergies fossiles a coûté à la France environ 64 milliards d’euros en 2024 !

L’électrification des usages (mobilité, chaleur, industrie) est donc devant nous. Investir dans les énergies renouvelables en France, c’est renforcer nos armes pour avoir, en France et en Europe, une troisième révolution industrielle, guidée par le renouvelable à court/moyen terme et complétée par le nucléaire à long terme. Tout l’enjeu est donc d’accélérer la bascule de la demande vers cette offre propre et locale.

Les entreprises qui font aujourd’hui le choix de signer des CPPA greenfield sont ainsi des acteurs clés de cette transition énergétique.

Par ailleurs, pour les développeurs, le CPPA est à la fois un outil de diversification de la vente de l’électricité produite par leurs centrales et un moyen de faire bénéficier d’une électricité compétitive, locale et décarbonée, aux entreprises implantées dans les mêmes territoires que leurs centrales.

Ces contrats s’adressent-ils à toutes les typologies d’entreprise ?

Les CPPA pourront différer selon le type d’entreprise. Par exemple les entreprises qui consomment plus de 50 GWh/an s’orienteront plus facilement vers des CPPA mono-acheteur (l’entreprise achète 100 % de l’énergie produite par une centrale), alors que celles qui consomment moins de 50 GWh/an s’orienteront plutôt vers des CPPA multi-acheteurs (vente de l’électricité issue d’une centrale à plusieurs acheteurs).

On observe que les entreprises signant des CPPA couvrent généralement entre 15 et 40 % de leur consommation annuelle par un CPPA, ce qui peut les orienter vers des centrales de technologies et de tailles différentes. Aussi, il est important pour le développeur et ses partenaires financiers d’être assurés que l’entreprise cliente sera en mesure d’acheter l’électricité produite par la centrale pendant 15 à 20 ans.

L’entreprise cliente doit donc apporter des garanties financières suffisamment solides pour que le projet soit viable. Ici encore se regrouper à plusieurs acheteurs peut diminuer l’exigence individuelle.


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