Le robot AgiBot G2 représente selon son constructeur un tournant dans la robotique humanoïde appliquée à l’industrie. Fabriqué par la start‐up chinoise Agi Robotics, ce modèle est présenté comme « puissant, agile et interactif », avec pour ambition d’intervenir sur des lignes de production, de logistique et de contrôle qualité (Futura).
Architecture mécanique et capteurs
Le dispositif repose sur trois innovations majeures, selon le texte de présentation. D’abord, il intègre des actionneurs à haute performance associés à de multiples capteurs, qui lui confèrent une capacité d’évitement d’obstacles omnidirectionnelle, un atout essentiel pour évoluer de façon sécurisée dans un environnement complexe, potentiellement dangereux ou très fréquenté. Ensuite, sa structure comprend un « squelette » en fibre composite et une architecture « à trois degrés de liberté », composée de trois articulations fonctionnant en parallèle. Cette conception lui permet d’imiter des mouvements fluides et proches de ceux d’un humain, par exemple se pencher, se balancer latéralement. Enfin, un bras articulé incorporant des capteurs de haute précision répartis sur toute sa longueur peut détecter les forces extérieures en temps réel et ajuster ses mouvements en conséquence. Le robot est également équipé d’un système de double batterie remplaçable, muni d’un mécanisme de recharge autonome, ce qui lui garantit un fonctionnement continu 24 h/24 et 7 j/7.
Intelligence embarquée et interaction
Au-delà de la mécanique, AgiBot G2 se distingue par ses capacités d’intelligence artificielle avancée. Il mobilise une architecture de perception multimodale (vision stéréoscopique, lidar miniature) et un modèle de type « vision-langage » (VLM) capable d’analyser le contexte, d’interpréter des instructions verbales et de planifier des tâches complexes. Le cœur de calcul retenu est la plateforme Nvidia Jetson Thor T5000, revendiquant jusqu’à 2 070 TFLOPS (FP4), ce qui positionne ce robot dans la catégorie des machines à forte capacité de traitement embarqué. Grâce à cette architecture, le robot peut par exemple détecter une anomalie sur une pièce détachée ou anticiper la charge de travail d’un atelier et ajuster son comportement en conséquence.
Domaines d’application et adaptabilité
AgiBot G2 a déjà été validé via plus de 130 tests en conditions réelles, selon la communication de la start-up. Ses usages envisagés couvrent plusieurs domaines industriels. Dans l’automobile, il peut collaborer avec des opérateurs pour l’assemblage et la manutention. Dans l’électronique de précision, il est capable, après formation assistée par IA, d’effectuer des opérations délicates telles que l’insertion de modules mémoire (RAM) en moins d’une heure. En logistique, sa main de grande dextérité lui permet de manipuler des objets fragiles ou aux formes variées, tout en se déplaçant de façon autonome dans l’usine. Enfin, grâce à une interface SDK, il est adaptable et personnalisable selon les besoins de l’utilisateur industriel.
Enjeux et contexte industriel
Ce robot s’inscrit clairement dans la dynamique de l’« industrie 5.0 », où la notion de collaboration homme-machine prend le pas sur la simple automatisation. Le concept n’est plus seulement de remplacer des opérateurs par des machines, mais de créer des synergies entre l’humain et le robot pour gagner en productivité, en flexibilité et en qualité. Sur le plan technologique, cela conforte l’idée selon laquelle la conception même des robots humanoïdes – forme humaine, mobilité, intelligence contextuelle – est un levier essentiel pour pénétrer des environnements conçus pour des humains.
Limites et perspectives
Bien que très prometteur, ce type de robot humanoïde ne remet pas en cause les défis classiques de la robotique industrielle, tels que sécurité des interactions, fiabilité des mouvements dans des environnements non structurés, coûts d’investissement, maintenance et intégration dans les processus existants. L’International Federation of Robotics rappelle pour sa part que la diffusion massive des robots humanoïdes dépendra non seulement de la performance technique, mais aussi de l’adjonction d’une architecture logicielle robuste, de systèmes de sécurité et de l’acceptation sociale. Le fait que ce robot soit déjà testé en conditions industrielles représente cependant une avancée notable vers une utilisation opérationnelle.
Agi Robotics propose ainsi un modèle humanoïde qui combine hardware avancé, intelligence embarquée et adaptabilité aux chaînes de production modernes. Il symbolise le passage d’un robot programmé à un robot autonome, capable de coopérer avec l’humain dans un environnement industriel complexe. Si les défis restent nombreux, notamment en matière de déploiement à grande échelle et de coûts, cette annonce témoigne d’un tournant pour la robotique industrielle.
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