Décryptage

R-Check analyse le formaldéhyde intérieur en 1 heure

Posté le 13 décembre 2018
par Matthieu Combe
dans Environnement

Classé cancérigène avéré depuis 2014, le formaldéhyde est le polluant le plus présent et le plus dangereux dans l’air intérieur. Grâce à la station R-Check et à une application mobile, la startup Ethera analyse votre air intérieur et vous donne des conseils pour réduire la pollution.

Après trois ans de recherche et développement, la startup Ethera lance la station R-Check, associée à la carte Feel’air et à l’application mobile éponyme. La carte présente un matériau nanoporeux breveté qui renferme une molécule organique qui change de couleur lorsqu’elle réagit avec le formaldéhyde. Le matériau est initialement de couleur jaune claire et donne une couleur jaune d’intensité croissante avec le temps.

 

« Nous avons mis au point un calcul qui traduit une cinétique de changement de couleur en concentration en formaldéhyde », explique Frederic Hammel, DG d’Ethera. La technologie a d’abord été utilisée sur le marché professionnel : le changement de couleur y était suivi par opacimétrie avec de l’électronique et de l’optique de précision. « Pour proposer un prix plus abordable, il fallait s’affranchir de l’optique, nous avons donc pensé qu’il était possible de mesurer le changement de couleur grâce à l’appareil photo d’un simple smartphone », se rappelle-t-il.

Un système simple et performant

Ethera finit de développer son système pour le grand public. Avec son smartphone, il suffit de prendre une première photographie de la carte dans l’application. Elle permet l’analyse de la couleur initiale. La carte est ensuite exposée à l’air pendant une heure sur la station, ventilateur calibré en route. Une seconde photo permet à l’application de calculer une estimation de la concentration en formaldéhyde durant l’exposition.

« Au départ, il fallait 24 heures, mais nous avons décidé de mettre notre monolithe devant un ventilateur pour augmenter l’exposition aux polluants et accélérer le changement de couleur pour obtenir un résultat fiable en 1 heure », détaille Frederic Hammel. « Les recommandations de l’application en cas de pollution vont de la ventilation par ouverture des fenêtres, de l’aération des meubles neufs, de la réduction des sources telles que certains produits de nettoyage ou autres bougies parfumantes, jusqu’à l’acquisition d’un purificateur d’air efficace contre le formaldéhyde ».

Quelle pollution au formaldéhyde dans l’air intérieur ?

L’OMS retient une concentration guide pour l’air ambiant d’une valeur de 100 µg/m³ sur 30 minutes, soit 80 ppb. Elle correspond à la plus faible concentration associée à une irritation du nez et de la gorge chez l’homme en population générale identifiée dans la littérature scientifique.

L’Anses fixe pour sa part la valeur-guide pour le formaldéhyde pour une exposition de longue durée à 30 µg/m³ (25 ppb). Elle l’abaissera à 10 µg.m- ³ au 1er janvier 2023. « Dans ces conditions, la carte Feel’air affiche une couleur verte sur la plage de concentration de 0 à 30 ppb ,de l’orange sur la place 30-80 ppb et du rouge au-dessus de 80 ppb », annonce Frederic Hammel. L’entreprise a retenu le seuil de 30 ppb au lieu de 25 ppb pour des questions de fiabilité de la réponse donnée.

En fonction des paramètres de température et d’humidité et de la qualité de l’appareil photo du smarphone, la technologie a une précision variable, de 10 à 30 ppb. « L’application donne l’indication de concentration estimée et l’épaisseur du trait donne une idée de l’incertitude », précise le directeur général d’Ethera.

La startup cherche un partenaire industriel en France ou en Chine pour l’industrialisation de son système sur ses deux marchés prioritaires. Ethera réfléchit à l’incorporation d’autres capteurs dans sa station, notamment un capteur de particules fines et un autre pour les composés organiques volatiles (COV). « Cela devient une station relativement bon marché puisque l’on souhaite vendre notre système au grand public à moins de 100 euros et une carte permettant de faire jusqu’à deux mesures à moins de 10 euros », prévient Frederic Hammel.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


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