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Repenser les modèles économiques pour pivoter vers une industrie circulaire

Posté le 16 juin 2021
par Arnaud Moign
dans Entreprises et marchés

Le modèle économique linéaire de nos industries est fragile et sa pérennité est d’ores et déjà remise en cause par l’épuisement des ressources. Pour passer à un modèle d’économie circulaire, l’industrie peut s’appuyer sur six modèles économiques. Voici lesquels.

Dans un précédent article, nous expliquions pourquoi il est nécessaire et urgent de passer d’un modèle d’industrie linéaire à un modèle circulaire. Dans celui-ci nous décrirons les modèles économiques permettant d’opérer ces changements radicaux.

Les témoignages et les éléments chiffrés contenus dans cet article sont issus du rapport d’études INEC/OPEO « Pivoter vers l’industrie circulaire ».

Créer de nouveaux usages pour apporter de la valeur et réduire l’impact environnemental

90 à 99 % de l’impact environnemental des activités industrielles vient de l’extraction des ressources et de l’utilisation des produits jusqu’à leur fin de vie. Il est donc clair que pour réduire l’impact de nos industries, il faut inventer de nouveaux usages de la matière première et veiller à une bonne récupération des ressources en fin de vie.

Selon le rapport INEC/OPEO, « créer de nouveaux modèles économiques repose sur deux principes : augmenter les cycles d’utilisation de la matière et réduire les externalités négatives résiduelles ». Concrètement, cela signifie qu’il faut inventer des modèles économiques créant des boucles de circularité à chaque étape de la vie des ressources et de la matière.

Six modèles économiques pour l’industrie circulaire

L’étude réalisée par l’INEC et OPEO se fonde sur les témoignages de 18 entreprises référentes et sur les résultats d’une enquête réalisée auprès de 63 entreprises répondantes. Les données recueillies leur ont permis d’imaginer six modèles économiques pour une industrie circulaire :

  1. Durabilité des ressources : un modèle pour générer de manière éthique et durable des matières premières non recyclées. La valeur créée permet de se démarquer sur le marché, de répartir la valeur avec les producteurs et aussi de proposer des ressources sur le long terme ;
  2. Extension de la durée de vie : le design des produits est orienté autour de la fiabilité et de la réparabilité. Des services de garantie et de maintien en conditions opérationnelles sont développés ;
  3. Vente d’un usage plutôt que d’un produit : avec le modèle « product as a service », le producteur conserve la propriété du produit, ce qui lui permet de découpler la création de valeur et l’usage des ressources. L’économie de partage rentre dans cette catégorie, car la mise en commun d’un bien revient à distribuer les coûts sur les copropriétaires ;
  4. Favoriser le réemploi des produits : consiste à augmenter les cycles d’utilisation des produits. Des produits et biens industriels de seconde main sont mis sur le marché à des prix jusqu’à 30 % plus bas, pour des performances garanties. Ce modèle nécessite de favoriser la réparabilité, l’interopérabilité des données et la mise en place de logistiques inversées ;
  5. Le réemploi des matériaux et des composants : permet de transformer de potentiels déchets en nouveaux intrants ou semi-finis. Ceci nécessite de disposer de produits éco-conçus, dont la séparation des composants est facilitée ;
  6. Optimiser l’empreinte environnementale : les externalités négatives en termes de rejets, déchets, consommations d’énergie, sont néanmoins inévitables. Ce type de modèle se concentre sur l’optimisation de l’empreinte environnementale des externalités résiduelles pour les réduire à leur minimum.

Des modèles économiques à combiner et des partenariats à créer

La clé de la réussite réside dans la combinaison de ces différents modèles circulaires. Certaines entreprises sont déjà sur plusieurs fronts. C’est notamment le cas de Schneider Electric, qui développe une offre « Energy as a Service » basée sur la fourniture d’équipements éco-conçus pouvant durer entre 10 et 40 ans, grâce à la réparabilité.

La création de partenariats est également une solution à regarder de près. Le groupe Paprec, acteur majeur du recyclage en France, s’associe avec diverses entreprises afin de capter des gisements de déchets recyclables.

Selon Sébastien Ricard, directeur Développement Durable Et Affaires Publiques du groupe Paprec, « cette logique se traduit par le biais de contrats de type joint-venture, comme cela est par exemple le cas avec les entreprises Gerflor sur les revêtements de sol ou Saint-Gobain sur le verre ».

Ce type de partenariat d’une part incite les entreprises à écoconcevoir leurs produits et à garantir la recyclabilité, et cela assure d’autre part la bonne intégration des matières premières dans les process industriels.


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