Une perte de chiffre d’affaires de 4,5 milliards de dollars d’un coup de crayon ! En avril, l’administration Trump a bloqué l’exportation vers la Chine du processeur H20 de Nvidia. Un coup dur pour le fabricant américain, car la seconde économie mondiale a représenté 13 % de ses ventes totales l’année dernière.
Pas de quoi déboussoler cette entreprise dont la capitalisation boursière atteint les 3,3 billions de dollars ! Son chiffre d’affaires trimestriel s’est élevé à environ 44 milliards de dollars au premier trimestre 2025 de son exercice comptable, en hausse de 12 % par rapport au quatrième trimestre et de 69 % par rapport à l’année précédente.
Mais pour la maison blanche, cette décision vise deux objectifs. Premièrement, freiner les progrès militaires de la Chine et, deuxièmement, protéger la domination américaine sur l’industrie de l’IA.
Ce processeur H20 n’est pas classé dans la catégorie des modèles haut de gamme du fondeur Nvidia. Mais il est suffisamment performant pour le développement de solutions basées sur l’IA. Pour le patron de Nvidia, Jensen Huang, ces restrictions sont « un échec ».
Au salon Computex à Taipei, il a déclaré que ces contrôles avaient plutôt stimulé les développeurs chinois. Ce n’est pas la première fois que le fabricant subit de telles décisions. En 2022, l’administration de Joe Biden avait imposé des contrôles à l’exportation sur la vente de semi-conducteurs avancés à la Chine. Nvidia avait alors conçu spécifiquement la puce H20 pour se conformer à ces restrictions.
La sanction du marché
Mais l’émergence récente de DeepSeek, une société chinoise d’IA générative, a suscité de nouvelles inquiétudes aux États-Unis. Cette start-up rebat les cartes en proposant l’équivalent de ChatGPT, mais qui s’appuie sur des puces moins puissantes. « Les entreprises locales (chinoises, NDLR) sont très, très talentueuses et très déterminées, et le contrôle des exportations leur a donné l’esprit, l’énergie et le soutien du gouvernement pour accélérer leur développement », a déclaré le patron de Nvidia lors du Computex à Taipei.
Mais les Chinois ne sont pas les seuls à vouloir prendre des parts de marché à Nvidia. Ses deux principaux rivaux, AMD et Intel, veulent aussi proposer des alternatives aux GPU de Nvidia, tout aussi capables d’entraîner la prochaine génération de grands modèles de langage (LLM).
Et si, au final, les restrictions de l’administration américaine sur les exportations de processeurs avaient moins d’impacts que l’évolution du marché ? Une grande partie du business model de Nvidia repose sur l’hypothèse que la demande de services d’IA générative restera forte au cours de la prochaine décennie.
Rien n’est moins sûr. De nombreuses entreprises commencent à se demander si les rendements qu’elles obtiennent actuellement sur les déploiements d’IA générative valaient vraiment le temps et l’argent qu’elles y ont consacrés l’année dernière…
Dans l'actualité
- Nouveaux droits de douane instaurés par Donald Trump : la fin de la mondialisation ?
- En image : Trump s’attaque à la science, coupes dans les budgets, licenciements massifs…
- Trump et la Tech : entre soutien, pouvoir et soumission
- Trump et l’industrie : un protectionnisme à l’issue incertaine
- DeepSeek : l’OVNI chinois qui secoue l’IA
- Puces électroniques : les États-Unis tentent d’assurer leur autonomie
- Revue du Magazine d’Actualité #36 : du 16 au 20 juin
- La Chine va-t-elle perdre la course à l’IA ?
- La quotidienne : revue de presse du 27 octobre 2025
Dans les ressources documentaires
- Construire son datacenter opensource haute disponibilité avec GPU partagé
- Architecture des ordinateurs : CPU et coprocesseurs/accélérateurs
- L’intelligence artificielle générative
- Éthique de l’intelligence artificielle : vue d’ensemble
- Activités internationales de l’entreprise - Prévention et protection contre les risques