L’invention du procédé d’impression typographique par Gutenberg vers 1440 a transformé radicalement notre société par une diffusion plus large et plus rapide des connaissances. L’avènement actuel des réseaux et la dématérialisation de l’information, qui devient électronique et numérique, constituent une révolution de même importance.
Le rêve d’un monde sans papier, qui hante les professionnels de l’informatique et de la documentation depuis bientôt quatre décennies, semble sur le point de devenir une réalité : on ne peut plus ouvrir une revue informatique sans y trouver plusieurs articles sur Internet, les bases de données en ligne, les CD-ROM... L’information est devenue aujourd’hui omniprésente, et sa maîtrise est considérée comme un facteur essentiel de réussite. Or cette information est constituée à 80 % de données textuelles. Les connaissances, qu’elles soient techniques, scientifiques, historiques, économiques, juridiques, médicales... sont en majorité mémorisées et véhiculées par des textes. Celles qui ont été publiées récemment sont directement accessibles sous forme électronique. Par contre, la majorité du patrimoine culturel et technique de l’humanité n’est encore disponible que sous forme de documents papier. Les entreprises et les collectivités sont ainsi confrontées à un besoin énorme de retraitement, dit aussi conversion rétrospective, pour passer à un format électronique.
Ce besoin, en plus du défi de faire lire l’ordinateur comme un être humain, a motivé de nombreuses études depuis les années 1960. Elles ont produit de multiples logiciels de reconnaissance de caractères. Les résultats ont souvent été décevants, car la complexité du problème avait été largement sous-estimée au départ, et les puissances informatiques nécessaires à l’accomplissement d’une telle tâche avec une productivité suffisante ne sont disponibles que depuis peu.