L'avènement de la société de l'information durant les années 1990 a suscité une montée des besoins en sécurité informatique. L'industrie a réagi en proposant pléthore de matériels et de logiciels permettant de protéger en tout ou en partie les systèmes d'information, qui sont considérés depuis fort longtemps comme stratégiques et concourant à garantir la souveraineté des États.
Les États, comme les entreprises utilisatrices de produits de sécurité, ont rapidement ressenti le besoin d'évaluer les capacités réelles de protection des produits de Sécurité des Systèmes d'Information (SSI). Les États-Unis ont ainsi créé le Trusted Computer System Evaluation Criteria (TCSEC), appelé aussi « livre orange ». Ce document énonce une série de critères auxquels un système d'information doit répondre pour pouvoir être considéré comme fiable, pour une utilisation par une administration fédérale américaine. L'originalité de ce système d'évaluation est qu'il propose quatre niveaux de sécurité, le choix de ce niveau de sécurité étant fixé par le niveau de sensibilité des informations à gérer par le système d'information. Dans le même temps, des sociétés privées ont créé des instituts pour évaluer la robustesse des produits de SSI.
Cependant, ce sont les États qui ont exprimé le besoin le plus fort pour évaluer les produits de SSI. De plus, même les sociétés utilisatrices étaient intéressées par leurs évaluations, car elles présentaient une certaine garantie d'indépendance. Ainsi, les États ont décidé de coordonner leurs efforts en vue de partager le grand nombre de critères d'évaluation des produits de SSI. Ils ont conclu des accords pour que les certificats, attestant que ces produits répondent à ces critères de sécurité, soient reconnus dans d'autres États. Néanmoins, et malgré cet effort, la sécurité des systèmes d'information reste souvent, et avant tout, considérée comme une prérogative nationale. Ainsi, les États développent souvent, parallèlement aux accords internationaux, des systèmes d'évaluation nationaux afin de garder la maîtrise sur les évaluations de produits de SSI.
Tel est le cas de la France. Notre pays est l'un des participants fondateurs de l'accord de reconnaissance mutuelle selon les Critères Communs ; il a ainsi créé une autorité de certification nationale pour émettre des certificats selon ses critères (§ 1).
La France a également développé ce système de certification national pour :
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évaluer des produits de SSI issus de la communauté des logiciels libres, c'est-à-dire dont les codes source sont publiés et accessibles (§ 2) ;
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qualifier des produits de SSI (§ 3), c'est-à-dire donner une appréciation et recommander un produit afin que celui-ci soit utilisé dans les administrations ;
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agréer des produits SSI (§ 4), c'est-à-dire vérifier que le produit de SSI est apte à protéger les systèmes d'information qui traitent des données classées Confidentiel Défense.
L'autorité de certification nationale agrée et contrôle les laboratoires chargés des évaluations de produits SSI (§ 5) et participe au développement et à l'évolution des Critères Communs (§ 6).
Un tableau des acronymes utilisés est présenté en fin d'article.