Avant l’ouverture du canal de Suez, le voyageur en route pour les Indes affrontait une navigation périlleuse autour de l’Afrique. Si, par malheur, une tempête jetait le navire sur certaines côtes désertiques de la Namibie, les rescapés cherchaient désespérément de l’eau douce. Ceux qui ont survécu ont appelé cette rive la côte des squelettes. Ce point de géographie, tout à fait macabre, illustre l’immense inégalité de la répartition de l’eau douce sur les continents, qui, par ailleurs, représente moins de 3 % de la quantité totale (eaux douces + eaux saumâtres + eaux de mer).
À la surface des océans, l’eau s’évapore sous l’action du soleil, puis se condense et précipite sur des lieux privilégiés : c’est le cycle naturel de l’eau dont la reproduction industrielle dans le but d’obtenir de l’eau potable n’intervient qu’à partir des années 1950. Cinquante ans plus tard, la production mondiale d’eau douce à partir d’eaux saumâtres ou salées dépasse 25 × 106 m3/j. Les principaux pays producteurs sont par ordre d’importance décroissante : l’Arabie Saoudite (25 %), les États-Unis (15 %), les Émirats Arabes Unis (10 %) et le Koweït (5 %).
En admettant une consommation moyenne de 250 L/(j × habitant), on évalue (de façon très approximative) la population desservie par les unités de dessalement à 100 millions d’habitants. De ce point de vue, l’importance de l’industrie du dessalement reste faible, mais la croissance, de l’ordre de 8 % par an (source Figaro 31/07/02), est soutenue par une demande toujours en hausse et une baisse du prix de revient de l’eau produite à partir d’eau de mer.
Les deux procédés les plus répandus sont la distillation et l’osmose inverse.
Après la description du principe des procédés les plus répandus, notre objectif sera d’exposer les facteurs clés du dimensionnement. Le tableau récapitulatif des avantages et des points critiques facilitera l’orientation du lecteur vers la technique la plus appropriée à son cas. Pour aller plus loin, la consultation d’un ou mieux de plusieurs constructeurs est indispensable. Ils disposent de logiciels, qui, tout en prenant en compte les derniers développements de leurs techniques, produisent des résultats pointus, qui facilitent l’optimisation du choix selon les critères retenus par l’utilisateur.
Comme toute implantation industrielle, l’étude préliminaire d’une unité de dessalement commence par la recherche des données de base :
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caractéristiques de l’eau de mer ;
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besoins en eau douce actuels et futurs ;
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géographie des sites envisagés : accès, localisation des consommateurs, etc. ;
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énergies disponibles : électrique et/ou thermique, volume versus coût, réglementation applicable. La pertinence du résultat final dépend évidemment de la fiabilité des données recueillies.