Le terme de virus informatique, né en 1984, est désormais bien connu du grand public. L’informatique, omniprésente dans le milieu professionnel et, de plus en plus, dans les foyers, l’utilisation d’Internet et plus généralement des réseaux, ont confronté, au moins une fois, une importante majorité des utilisateurs au risque viral. Cependant, il s’avère que dans les faits, la connaissance de ces derniers (au sens le plus large du terme) en matière de virologie informatique présente encore beaucoup de lacunes, au point d’augmenter les risques plutôt que de les diminuer. Le terme de virus, lui‐même, est en fait improprement utilisé pour désigner une classe plus générale de programmes qui n’ont rien à voir avec les virus : vers, chevaux de Troie, bombes logiques, leurres, etc. Les virus, de plus, recouvrent une réalité bien plus complexe qu’il n’y paraît. De nombreuses sous‐catégories existent, de nombreuses techniques virales s’y rapportent, impliquant des risques différents, qui doivent être connus en vue d’une protection et d’une lutte efficaces.
Afin d’illustrer l’importance du risque viral, résumons‐le par quelques chiffres particulièrement pertinents : le ver ILoveYou a infecté en 1999 plus de 45 millions d’ordinateurs dans le monde. Plus récemment, le ver Sapphire/Slammer a infecté plus de 75 000 serveurs sur toute la planète, en dix minutes environ. Le virus CIH dit Chernobyl a obligé des milliers d’utilisateurs, en 1998, à changer la carte mère de leur ordinateur après en avoir détruit le programme BIOS. Les dégâts provoqués par ce virus sont estimés à près de 250 millions d’euros pour la seule Corée du Sud tandis que ce chiffre atteint plusieurs milliards d’euros pour un ver informatique. Ces chiffres montrent avec force l’importance d’une prise en compte sérieuse de la menace virale.
Dans cet article, nous allons présenter les virus et les vers informatiques et les envisager dans le contexte général, et plus réaliste aujourd’hui, des infections informatiques. Nous définirons dans un premier temps toutes les variétés existant pour ces programmes ainsi que leur fonctionnement, sans oublier leurs techniques d’adaptation aux défenses que l’utilisateur peut lui opposer. Dans une deuxième partie, seront exposées les techniques de lutte antivirale utilisées de nos jours. Ces techniques, bien que généralement efficaces, ne suppriment pas tous les risques et ne peuvent que les réduire. Il est donc essentiel de ne pas baser une politique de lutte antivirale sur la seule mise en œuvre d’un antivirus, aussi performant soit‐il. Nous présenterons donc les principales règles, très efficaces lorsque strictement observées, qui doivent, en amont de l’antivirus, être appliquées.