En plus des contrats signés lors de la visite d'Emmanuel Macron en octobre dernier, le Maroc vient de sélectionner plusieurs investisseurs pour réaliser six projets en lien avec la production d'hydrogène vert. Le pays dispose de nombreux atouts pour développer cette filière et espère devenir un leader mondial dans ce domaine.
Le gouvernement marocain a annoncé qu’il vient de sélectionner plusieurs investisseurs nationaux et étrangers pour réaliser six projets d’envergure dans le domaine de l’hydrogène vert. Le montant des investissements est important et se chiffre à plus de 30 milliards d’euros. Pas moins d’un million d’hectares ont été identifiés dans le pays pour développer cette filière, dont 300 000 hectares doivent être mis à disposition rapidement pour concrétiser la première phase de ces projets. Avec cette annonce, le Maroc confirme son ambition de devenir un acteur majeur de l’hydrogène vert.
Un premier consortium d’investisseurs regroupe les sociétés Ortus (États-Unis), Acciona (Espagne) et Nordex (Allemagne) et un deuxième est composé des sociétés chinoises UEG et China Three Gorges. Ces entreprises se sont positionnées pour produire de l’ammoniac, un dérivé azoté de l’hydrogène, un gaz plus facile à transporter que l’hydrogène. Rappelons que ce dernier sera produit dans un premier temps par électrolyse de l’eau, grâce à l’électricité produite par des panneaux solaires et des éoliennes.
Un autre consortium d’investisseurs regroupe les sociétés Taqa (Émirats arabes unis) et Cepsa (Espagne) et sera chargé de produire de l’ammoniac ainsi que des carburants industriels. L’entreprise marocaine Nareva s’est aussi engagée à fabriquer ces produits et devra également produire en plus de l’acier vert. Enfin, cette même matière devra aussi être produite par la société saoudienne ACWA Power.
La concrétisation de ces différents projets vient s’ajouter à deux autres contrats signés lors de la visite d’État d’Emmanuel Macron à Rabat en octobre dernier. Dans le cadre d’un projet nommé « Chbika », TotalEnergies, allié au groupe Eren et à deux fonds d’investissement danois, va lancer des études d’avant-projet visant à construire des centrales solaires et éoliennes terrestres d’une capacité d’un GW (gigawatt). Elles alimenteront la production d’hydrogène vert par électrolyse de l’eau de mer dessalée et sa transformation en 200 000 tonnes par an d’ammoniac vert à destination du marché européen.
Produire 52 % de son énergie à partir de sources renouvelables d’ici à 2030
Un second contrat porte sur la réalisation, entre le groupe marocain OCP (Office chérifien des phosphates) et la société Engie, de plusieurs investissements dans le domaine des énergies durables, dont l’un concerne la production d’ammoniac vert, avec une exploration des dérivés de l’hydrogène vert, tels que l’e-méthanol et les e-SAF (électro-carburant d’aviation durable).
Tous ces projets s’inscrivent dans la stratégie du Royaume d’accélérer à grands pas sa transition vers des sources d’énergies durables. Depuis 2019, une Commission Nationale Hydrogène Vert a été mise en place, réunissant des acteurs publics et privés, et a pour mission d’assurer le suivi de la réalisation d’études dans le domaine de l’hydrogène, ainsi que d’examiner la mise en œuvre d’une feuille de route de production de l’hydrogène et de ses dérivés à base d’énergies renouvelables. Le pays espère produire 52 % de son énergie à partir de sources renouvelables d’ici à 2030, contre environ 35 % actuellement.
Selon un rapport du Forum économique mondial, le Maroc fait partie des six pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à disposer d’un fort potentiel pour la production d’hydrogène bas-carbone, aux côtés de l’Égypte, du Qatar, d’Oman, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Selon les projections de cette fondation, ils pourraient s’approprier 21 % des exportations mondiales d’hydrogène propre d’ici à 2050.
Le Royaume dispose de nombreux atouts pour produire à grande échelle ce vecteur énergétique, à commencer par la disponibilité de ses ressources naturelles et son potentiel solaire et éolien exceptionnel. À cela s’ajoute sa situation géographique stratégique lui permettant de répondre aux besoins croissants en hydrogène vert du continent européen. Le fait que le Maroc bénéficie aussi d’une certaine stabilité politique est un élément rassurant pour les investisseurs.
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