Alors que la France a émis 373 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2023, elle devrait en émettre moins de 100 millions de tonnes en 2050 pour atteindre la neutralité carbone. Les émissions nettes de gaz à effet de serre devront alors être compensées par des puits de carbone naturels (forêts, sols) et des technologies de capture du carbone. Le dérèglement climatique ayant des impacts de plus en plus étendus sur la biomasse, le stockage dans les couches géologiques profondes pourrait donc devenir incontournable.
Mais quel est le potentiel de stockage dans les sous-sols français par les technologies de capture, stockage et valorisation du carbone (CCUS) ? C’était l’objet de l’étude EVASTOCO2 réalisée par un consortium piloté par la DGEC et l’ADEME. Ainsi, l’étude évalue à 1,1 milliard de tonnes stockables dans des structures fermées et 3,6 milliards de tonnes dans des unités hors pièges géologiques. « À ce stade, ces résultats doivent être considérés comme une première évaluation et non comme une garantie d’exploitabilité immédiate », prévient néanmoins le rapport.
Des défis technologiques et réglementaires à relever
Si ces volumes indiquent un ordre de grandeur encourageant, ils ne tiennent pas compte des contraintes économiques, techniques et environnementales qui limiteront fortement leur accessibilité. L’étude rappelle par ailleurs qu’avant toute exploitation, des analyses détaillées devront être menées pour confirmer la faisabilité réelle des projets de stockage.
Plusieurs obstacles subsistent avant une exploitation industrielle. L’étude EVASTOCO2 insiste notamment sur le fait que « tout projet industriel devra passer par une phase de recherche approfondie et respecter les procédures de concertation prévues par le code de l’environnement et le code minier ». À ce jour, aucun permis de recherche n’a encore été accordé en France. La France travaille toutefois à fixer un cadre pour l’accès aux stockages en mer du Nord et en Méditerranée, actuellement les seules solutions à court terme.
Un cadre incertain pour le développement de la filière
L’essor du CCUS en France repose sur une équation complexe. Développer les capacités de transport et de stockage nationales nécessitera une acceptabilité locale et des investissements massifs. L’État a prévu un soutien financier pour amorcer les premiers projets, mais le rapport souligne que « les coûts du stockage doivent être partagés équitablement entre les acteurs industriels et les pouvoirs publics ».
Le rapport rappelle enfin que « le stockage géologique du CO2 ne peut s’envisager qu’après captage et transport d’émissions centralisées et ne peut en aucun cas se substituer aux efforts de réduction des émissions à la source ».
Cet article se trouve dans le dossier :
Le CCUS, une nécessité industrielle en quête d'un modèle économique
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