Lisp est un langage de programmation ou plutôt, en l’absence actuelle de toute standardisation, une famille de dialectes spécialisés en calcul symbolique. L’invention de Lisp a répondu au besoin de manipulation d’entités variées et non plus simplement de nombres. Le calcul formel, les systèmes experts, les interfaces en langages naturels, la reconnaissance de formes ou, plus généralement, la représentation et la manipulation de connaissances deviennent ainsi directement accessibles sans recours à d’opaques codages numériques ; les algorithmes peuvent être concentrés à leur essence, et leur élaboration épouse, dans une large mesure, les contraintes internes des problèmes qu’ils résolvent et non celles du langage support.
Au dire de son inventeur, Lisp est un optimum local parmi les langages de programmation, ce qui explique sa longévité et sa stabilité [7]. Aucun de ses dérivés n’a su le supplanter : Lisp, les contenant déjà tous en germe, les assimila simplement à de nouveaux styles de programmation. Aujourd’hui, Lisp a cependant bien évolué et s’est considérablement enrichi de nouveaux types de données. Par ailleurs, son substrat mathématico‐logique (λ‐calcul, preuve de théorèmes, récursion...) ainsi que plus de trente années de recherche ont conduit à des systèmes (interprètes et / ou compilateurs) efficaces, à de très riches environnements de développement, à des machines spécialisées dans l’exécution de programmes Lisp ainsi qu’à des réalisations dont l’excellence n’est plus à prouver. Citons seulement et parce qu’elles représentent des extrêmes : Macsyma, système de calcul formel, et Emacs, éditeur de texte pleine page programmable [4].