Lu-delà d’un simple rapprochement composé-composant, la traçabilité va bien au-delà de la collecte et de l’historisation des flux matières permettant une généalogie, aussi complexe soit-elle de chaque constituant identifié et permettant par exemple un rappel de produits défectueux partageant le même composant suspect.
Si le produit circulant dans la chaîne logistique est bien le centre d’intérêt de la traçabilité, l’information utile qui ressort de sa mise en œuvre répond à un certain nombre de questions importantes des processus décisionnels critiques de l’entreprise. L’application classique de la traçabilité pour identifier rapidement tous les lots défectueux liés à une même cause n’est qu’un élément de justification de l’adaptation nécessaire des systèmes d’information. La traçabilité considérée globalement vise à capturer toutes les conditions opératoires critiques et implique la mise à disposition d’une information structurée suffisamment précise et détaillée, étape essentielle pour la maîtrise et l’amélioration des processus de fabrication, de l’utilisation et de la performance des ressources.
La traçabilité concerne potentiellement l’ensemble des fonctions de l’entreprise : gestion des actifs, recherche et développement, fabrication, logistique, assurance qualité, maintenance, relation clients et fournisseurs...
Le système de production occupe une place particulière par son rôle clé d’interface pour la collecte des données relative à la mise en œuvre des matières et par les activités décisionnelles et opérationnelles de transformation de la matière qui impactent directement la nature des produits mis sur le marché.
Les systèmes d’information sont naturellement fortement impliqués dans la traçabilité, qu’il s’agisse de la collecte et de l’organisation des données (réponses aux questions posées) ou du support des processus de création d’informations (valeurs factuelles, sans signification propre).
La décision d’élever le niveau de complétude et de maturité de la traçabilité dans l’entreprise se traduira donc le plus souvent par des projets concernant les systèmes d’information de l’entreprise, et plus sûrement encore, leur aptitude à coopérer en échangeant de l’information. Finalement, une démarche traçabilité peut s’inscrire dans une approche plus globale de rationalisation du contrôle des opérations (norme ISA88) et de coopération des niveaux gestion et exécution de l’entreprise (norme ISA95) qui visera de façon générale une meilleure visibilité du système de production et une plus grande agilité de la chaîne logistique.
Lorsque l’on s’intéresse au contrôle des systèmes de production, les normes ISA88 et ISA95 sont citées spontanément par la plupart des ingénieurs chargés de spécifier et concevoir les systèmes d’information en charge du support des activités opérationnelles du plancher de l’usine.
La première traite de l’intégration forte du système d’information dans les constituants physiques hiérarchisés de l’usine : par exemple d’une simple pompe jusqu’à l’atelier complet. Elle permet de définir les services fonctionnels offerts par les « Entités d’Équipement » et leur orchestration pour obtenir le résultat souhaité (la mise en marche de la pompe au moment opportun, le déroulement du processus de fabrication complet d’un produit).
La seconde traite des processus et tâches de gestion des activités physiques de l’usine (planification détaillée et supervision du travail et des ressources).
Les 2 normes offrent des modèles de structure des données pour gérer et échanger l’information relative à ces activités physiques entre les systèmes d’informations concernés. Elles offrent un support naturel pour la traçabilité :
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au sein du système de production lui-même dont l’agilité et la flexibilité deviennent pleinement compatibles avec les exigences de précision et de fiabilité de l’information à tous les niveaux de granularité requis ;
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dans la mise en œuvre des processus collaboratifs exigés par la traçabilité qui concernent toujours des systèmes d’information distincts aux cycles de vies indépendants.
La présentation nécessairement concise de ces 2 normes au contenu particulièrement riche est orientée en regard du sujet de la traçabilité. Elle ne saurait constituer une référence pour leur compréhension et leur mise en œuvre.