Criticité des ressources et limites du recyclage
Objectifs et réalités de l’économie circulaire

L’économie circulaire (EC) peut être définie comme l’antonyme d’une économie linéaire qui convertit des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables en déchets via différents processus de retransformation, et conduit à une détérioration de l’environnement en raison d’un prélèvement incontrôlé des ressources et d’une pollution généralisée par les déchets.

L’émergence de l’économie circulaire découle des limites de la croissance dans les sociétés industrielles et traduit le fait que l’on ne peut consommer davantage que l'on ne remplace. L’économie circulaire ambitionne une minimisation des effets négatifs sur l’environnement, une limitation des déchets et une action restaurative vis-à-vis des dommages. Une symbiose industrielle est ainsi recherchée à travers les 4R (réduire, réutiliser, recycler, récupérer) afin de traduire la nécessité d’améliorer la productivité des ressources. Sa mise en œuvre s’effectue principalement dans trois domaines : l’offre des acteurs économiques, la demande et les comportements des consommateurs, ainsi que la gestion des déchets. Pour autant, il n’existe pas de définition précise, exhaustive et reconnue par tous de l’économie circulaire. Ceci s’explique par l’appropriation du concept par de nombreuses communautés d’acteurs qui l’analysent, la promeuvent ou la mettent en œuvre. De ce fait, la présentation de ses stratégies peut varier car l’ambition de l’économie circulaire de promouvoir un développement soutenable la place au cœur des débats économiques et des politiques publiques. Des interprétations diverses peuvent conduire à des critiques de diverses natures, notamment sur ses bases théoriques jugées hétérogènes, sur l’incapacité à assurer réellement la circularité, des objectifs parfois contradictoires, la prise en compte très limitée des aspects sociétaux et l’incapacité à maîtriser les effets rebond.

L’économie circulaire se veut être un chantier clé de la transition écologique visant à sortir d’un modèle linéaire qui se heurte fatalement à l’épuisement des ressources de la planète. Les craintes relatives à la disponibilité des ressources dans un monde fini n’ont fait que croître depuis la publication en 1972 du rapport Meadows The Limits to Growth. Bien que le scénario de l’épuisement à court terme de ressources non renouvelables essentielles et stratégiques puisse être écarté, des risques majeurs sur leur approvisionnement sont réels, compte tenu d’une demande croissante et de tensions géopolitiques. En outre, les teneurs en minerais ne cessent de décroître pour des métaux courants et les impacts environnementaux et énergétiques de l’extraction minière sont de plus en plus significatifs. En conséquence, le recyclage des matériaux issus d’objets manufacturés en fin de vie est susceptible de permettre la récupération d’éléments critiques afin de relâcher les tensions sur l’approvisionnement. Cependant, les technologies de recyclage doivent s’améliorer afin de résoudre une partie des problèmes liés à la dispersion des éléments chimiques dans les produits manufacturés et limiter les contaminations dans les matériaux issus du recyclage. La maîtrise des microstructures des matériaux secondaires est également essentielle afin d’éviter des processus de décyclage.

La mise en œuvre pratique de l’économie circulaire passe également par la réduction de l’empreinte écologique des produits tout au long de leur cycle de vie : extraction des matières premières, fabrication, distribution, utilisation et fin de vie. La réussite de cet objectif implique d’inclure la préservation de l’environnement dès la conception des biens et services. Il s’agit de développer une écoconception pilotée en intégrant pleinement la stratégie de fin de vie au moyen d’indicateurs appropriés. Cet article vise à décrire les caractéristiques majeures de l’économie circulaire et s’attache particulièrement à évoquer les problématiques de raréfaction de ressources non renouvelables en lien avec la faisabilité du recyclage de matériaux dont certains peuvent être considérés comme critiques. Une part importante de l’article est consacrée à l’écoconception, à même de représenter un outil majeur via des indicateurs appropriés afin de limiter l’usage de ressources non renouvelables et accroître le potentiel de valorisation des produits en fin de vie.