Les DEEE, déchets d'équipements électriques et électroniques, ont longtemps été voués à la destruction et à l'enfouissement. En effet, jusqu'en 2005, les constructeurs d'appareils informatiques, électroniques et électriques ont fait en sorte, en proposant des produits toujours plus nombreux, avec des prix de plus en plus bas, de privilégier l'achat d'appareils neufs, limitant considérablement la mise en place d'une filière de réparation et de réutilisation des matériels obsolètes ou usagés.
Depuis 2005, un arsenal législatif a été mis en place, en France et au niveau européen, pour responsabiliser constructeurs et utilisateurs quant au cycle de vie des matériels qu’ils vendent ou utilisent. Plusieurs éco-organismes, agréés par l’Etat, ont ainsi participé, avec les acteurs de la filière de gestion des DEEE, à faire évoluer la stratégie de gestion de ces déchets, qui sont de plus en plus nombreux. Ils le seront de plus en plus dans les années à venir, pour plusieurs raisons. D’abord, l’innovation permet de mettre sur le marché, tous les ans, de nouveaux appareils électriques et électroniques. Ces appareils étant plus légers, les projections misent sur une augmentation du nombre d’EEE dans la collecte, pour un tonnage qui lui devrait avoir tendance à stagner, voire baisser. Seconde raison, l’extension de l'appellation DEEE à des catégories très diverses de produits contenant des sous-ensembles électroniques ou électriques.
Dès lors, différentes voies de valorisation des DEEE ont été mises en place depuis 2005, qui vont de la destruction au réemploi. Ce dernier mode de valorisation fait l’objet aujourd’hui d’un développement très important. Là encore, l’Etat, en obligeant les administrations à équiper partiellement leur parc informatique de matériels reconditionnés, a favorisé l’émergence d’un nouveau marché. Cependant, le réemploi est également devenu, depuis quelques années, une tendance de marché à part entière. D’ailleurs les entreprises qui reconditionnent ces appareils n’ont pas de mal à écouler leurs stocks.
Le réemploi peut prendre plusieurs formes : réparation et construction d’appareils à partir de pièces détachées, mise à jour d’appareils obsolètes... Les entreprises qui collectent ces déchets développent donc désormais des activités annexes, pour valoriser au maximum les DEEE. Bien sûr, la vente de matériel réparé rapporte plus que la vente de matière première secondaire. Le jeu en vaut donc la chandelle.
Cette évolution dans la gestion des DEEE est aussi un moyen de contribuer à atteindre deux objectifs. D’abord, le reconditionnement de pièces informatiques a tendance à favoriser le développement d’une filière nationale, indépendante pour la fourniture de ces pièces des pays d’Asie, qui produisent l’immense majorité, par exemple, des semi-conducteurs mis sur le marché.
Enfin, la lutte contre l’obsolescence des appareils électroniques, qui a également fait l’objet de plusieurs lois récemment. La croissance de l'activité de réparation des appareils permet aux consommateurs de bénéficier de prix attractifs pour acheter des appareils de seconde main, ou pour faire réparer leurs appareils défectueux pour des prix abordables. Ce qui n’est souvent pas le cas quand l’appareil est réparé directement par le constructeur.
