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Décryptage

« La RFID est de plus en plus orientée sur les services »

Posté le par La rédaction dans Informatique et Numérique

[Interview] Sylvain Bureau - ESCP Europe

Chercheur au sein de l'ESCP Europe, Sylvain Bureau s'intéresse à la RFID sous l'angle du management et de la gestion et plus largement à l'Internet des objets, véritable nouveau paradigme technologique. Il est intervenu lors des Assises de la RFID qui se sont tenues en mai 2010. Interview.

Techniques de l’ingénieur : Vous êtes intervenu lors des Assises de la RFID. Qu’avez-vous pensé de cet événement ?
Sylvain Bureau : La démarche m’a semblé très intéressante. Les Assises ont rassemblé des acteurs différents, dans une plate-forme assez neutre. J’ai été surpris par le nombre de participants pour une première édition, notamment des personnes ayant un certain niveau hiérarchique dans l’entreprise.

Vous êtes chercheur au sein de l’ESCP Europe. En quoi la RFID dépasse-t-elle le monde scientifique et technique ?
La RFID est un objet technologique qui concerne aussi les sciences sociales. Cela soulève des problèmes sanitaires, juridiques, sociaux… On voit émerger de nombreuses problématiques en management et en gestion. Il n’existe pas de déterminisme technologique. Une même technologie n’aura pas le même impact suivant les process et les acteurs.

Quel est l’objectif de vos recherches ?
Nous cherchons à faire émerger des dimensions de contexte pour mettre en place une méthodologie pour savoir s’il faut adopter ou pas la RFID. Nous essayons également de comprendre comment le dispositif permet de recueillir de nouvelles données au niveau des objets pour améliorer l’efficacité et l’efficience des organisations mais aussi, la chaîne de valeur. Finalement, comme souvent quand il est question de technologies, les RFID représentent un catalyseur de changement qui peut être exploité pour innover et faire changer les organisations en place. Nous réalisons nos recherches principalement au sein du secteur de la santé et de la grande distribution qui sont particulièrement critiques et riches d’enseignement quand il est question de RFID. Par exemple, dans le cas des hôpitaux, cela peut apporter une plus grande qualité des soins mais aussi une réduction de certains coûts en matière de logistique.

La RFID est-elle passée à la vitesse supérieure ?
La RFID n’est plus considérée uniquement comme un outil de traçabilité logistique, un code-barres évolué. Elle est de plus en plus orientée sur les services. Elle s’inscrit dans une tendance plus large, l’Internet des objets. Il s’agit de mettre en réseau les objets et de les relier à Internet. Aujourd’hui, des usages existent et cela fonctionne. Mais cela reste limité à un certain périmètre. Le problème majeur est de passer à un niveau plus étendu. Cela suppose notamment l’interopérabilité des systèmes. Internet a mis une trentaine d’années avant de s’imposer. L’Internet des objets prendra du temps, mais il est inconcevable qu’il ne se développe pas. Toute la question est de savoir quelles seront les technologies et les normes. Pour les ingénieurs, il me semble important de comprendre qu’on assiste probablement à l’émergence d’un nouveau paradigme technologique qui va faire émerger de nouvelles opportunités de business. C’est un peu comme l’Internet à la fin des années 80 et au début des années 90.

Les problématiques éthiques vont-elles constituer un frein à ce développement ?
Selon l’univers social, la résultante sur la vie privée ne sera pas la même. Le grand enjeu, ce sont les données et les statistiques que l’on peut en tirer. Ce n’est pas une menace en tant que telle, mais il faut rester vigilant et dépasser une logique purement juridique pour appréhender le volet technique, et surtout améliorer la qualité du débat démocratique sur ces solutions car aujourd’hui, on reste encore trop au niveau de clichés qui empêchent de poser les questions essentielles. Propos recueillis par Corentine GasquetParcours Sylvain Bureau, normalien agrégé du secondaire en économie et gestion et docteur de l’Ecole Polytechnique en sciences de gestion, est professeur assistant au sein du département Information et opérations management de l’ESCP Europe. Directeur du pôle nouvelles technologies de la chaire entrepreneuriat Ernst & Young (www.entrecreateurs.fr), et responsable du RFID European Lab (www.rfideuropeanlab.org), il s’intéresse aux problématiques liées à la création d’entreprise, à l’innovation et aux nouvelles technologies. Depuis 2007, il a notamment mis en place un séminaire de création d’entreprise réunissant des élèves de la filière entrepreneur de Centrale Paris et des élèves designers de Strate Collège Design. Il est aussi familier de l’enseignement en école d’ingénieur et assure depuis 2003 des cours de management à l’Ecole Polytechnique. Au-delà de l’enseignement et de la recherche, il s’implique dans la démarche d’ouverture sociale des grandes écoles françaises. A l’ESCP Europe, il participe aux projets Cordées de la réussite, Double ascension et Collège Paris factory. 

Posté le par La rédaction


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