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Décryptage

L’habitat du futur : un retour aux recettes les plus simples ?

Posté le par La rédaction dans Chimie et Biotech

A quoi ressemblera la maison du futur ? Son esthétique sera dans doute toute droit sortie d’un film de sciences fiction. Mais les technologies pour économiser l’énergie seront-elles, elles aussi, totalement nouvelles ? Pas si sûr !

Didier Roux, directeur recherche et développement chez Saint-Gobain, le résume très bien : « l’habitat du futur sera très sophistiqué, même si les techniques utilisées seront très anciennes. » Car en raison de l’épuisement des ressources fossiles, la problématique est la même aujourd’hui qu’hier. Il s’agit en fait de copier des techniques qui ont été développées par des populations qui n’avaient pas accès à une énergie peu chère et facile d’emploi. « Par exemple, les maisons troglodytes se servaient déjà de la technique du puits canadien. Construites contre la montagne, qui a une inertie thermique énorme, ces maisons profitent de cette inertie, qui régule la température intérieure de l’habitation en hiver comme en été », explique Didier Roux. Il s’agit là d’un avantage énorme. Le principe des maisons enterrées est similaire et il est encore plus efficace car la terre, en quantité suffisante, est le meilleur isolant thermique et phonique qu’il soit. En fait, l’aspect thermique va bien au delà de la simple isolation.

Des technologies anciennes très efficaces
Le mot isolation, souvent, implique (en hiver) qu’un système de chauffage produit de la chaleur, et que l’habitat est conçu pour la conserver, en gaspiller le moins possible. Dans le cas des maisons enterrées (voir illustration ci-dessous), la couche superficielle de terre de la croûte terrestre a une propriété extrêmement intéressante : à une certaine profondeur (variable selon les régions), sa température est constante, elle agit donc comme un système de chauffage propre !Autre avantage, elle agit comme un système de climatisation durant les chaleurs de l’été. Une maison enterrée est de plus quasi-invulnérable aux tornades et autres évènements climatiques, autrefois « exceptionnels », mais qu’il faut s’attendre à voir devenir de plus en plus violents avec le réchauffement climatique. En Afrique, les habitations en argiles utilisent le principe des matériaux à transition de phase. Ainsi, l’eau, pendant la nuit, se condense à l’intérieur de l’argile, et pendant la journée, lorsque le soleil tape, l’eau s’évapore en rafraichissant l’intérieur de l’habitation. Cette technique fait les preuves de son efficacité depuis des milliers d’années. Aujourd’hui, les connaissances que nous avons sur les matériaux à transition de phase nous permettent, en copiant ces techniques, de les rendre beaucoup plus efficaces énergétiquement.

Le meilleur exemple : l’igloo
Enfin, l’exemple le plus sophistiqué, et de loin, est l’igloo. Sa conception met en avant plusieurs principes très intéressants. Tout d’abord, l’igloo est une habitation isolante. La couche de neige immobilise de l’air et permet d’avoir à l’intérieur une température viable, alors que la température extérieure est souvent proche des -40 °C.Mais cela ne suffit pas, car les propriétés poreuses de la neige ont un défaut, elles permettent au vent de passer à travers la couche isolante. Il faut donc ajouter une membrane « coupe vent » : en fait, quand l’igloo est habité, la chaleur dégagée par les occupants fait fondre légèrement la paroi interne de l’igloo. Ainsi, la neige se transforme en glace et empêche le vent de pénétrer à l’intérieur de l’igloo. « Les techniques d’isolations novatrices d’aujourd’hui utilisent ce principe de membrane », précise Didier Roux. Ce n’est pas tout. Notre corps émet un rayonnement à 37°C. Les parois blanches de l’igloo réfléchissent ce rayonnement, ainsi que les rayons infrarouges. La forme ronde de l’igloo fait le reste, en renvoyant ce rayonnement directement sur les occupants.Dans un igloo, on peut donc dire que l’occupant est son propre radiateur. Le principe en cause ici est celui utilisé pour les fenêtres équipées de couches d’argent qui empêchent le rayonnement de s’échapper. Dans un igloo, même si l’air est à 0°C, le corps a l’impression de subir une température de 15°C, uniquement à cause du rayonnement, ce système est donc des plus efficaces.

Trouver des solutions alternatives concurrentielles
Au final, on remarque que des techniques assez simples permettent, avec une efficacité remarquable, de limiter sa consommation d’énergie. Mais il faut aller au-delà. Les énergies fossiles sont de plus en plus rares, et même si les questions d’approvisionnement ne se posent pas pour le moment, l’homme doit penser sa consommation énergétique différemment, pour mieux préparer l’avenir. Mais le problème ne concerne pas que l’épuisement des ressources fossiles. Les rejets de CO2 dans l’atmosphère, inhérents à la consommation des énergies fossiles, sont à la base d’un processus biologique qui voit la température terrestre moyenne augmenter avec une rapidité jamais observée auparavant. Ainsi, il ne s’agit plus uniquement de préparer la transition énergétique, mais de limiter au maximum les émissions de CO2 liées à l’activité humaine. La compétitivité des énergies propres n’est pas encore optimale. Et malgré la bonne volonté affichée par les Etats, il est certain que la consommation des énergies fossiles ne diminuera pas tant qu’une solution propre alternative, compétitive économiquement, et au rendement comparables à celui obtenu grâce au pétrole, ne sera pas généralisée.Par Pierre Thouverez

Cet article se trouve dans le dossier :

Habitat et performance énergétique, un mot d'ordre : l'innovation

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