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Décryptage

Martin Guespereau : « Reach ne représente pas que des perspectives lointaines »

Posté le par La rédaction dans Environnement

Le 2 juin dernier, l'Afsset présentait son rapport d'activité 2008 et les programmes de recherche pour 2009. L'occasion, pour le nouveau directeur général Martin Guespereau de revenir, entre autres, sur des enjeux centraux comme REACH, les CMR ou encore les problèmes liés à l'eau. Retour sur cette présentation.

Le 2 juin dernier se tenait à Paris une conférence organisée par l’Afsset, qui présentait son rapport d’activité 2008, et le programme de travail pour 2009. Ainsi, Martin Guespereau, nouveau directeur général de l’Afsset depuis le 2 janvier 2009, entouré de Céline Delysse, chef du Decid (Département Communication Information et Débat public), Gérard Lasfargues, chef du Deset (Département d’Expertises en Santé Environnement et Travail), Philippe Juvin, chef de l’ARCHE (département Appui Réglementations CHimieEuropéennes, Biocides, REACH), Jean Lesne, chef du MERRE (département Méthodologie, Recherche et Relations Extérieures) ont présenté les axes prioritaires de l’Afsset en santé/environnement et santé au travail pour l’année en cours.Trois axes principaux se dégagent : la chimie, les agents physiques et l’eau, autour de plusieurs problématiques. La chimie donc thème central, qui comprend trois axes de travail principaux : les cancers professionnels, REACH, les CMR, l’amiante et le formaldéhyde.

Le sujet central : REACH
« Nous entrons en Europe dans une phase historique sur les produits chimiques », précise tout de suite Martin Guespereau. Pour accompagner cette phase cruciale, l’Afsset finance d’ailleurs des projets de recherche sur ces axes de recherche à hauteur de 1,5 millions d’euros, et a lancé plusieurs appels à projet conjoints. Mais au niveau de la chimie, le sujet qui revient avec insistance est bien sûr REACH. Martin Guespereau reprend : « ce ne sont pas 33.000 substances qu’il s’agit de référencer, comme annoncé, mais plutôt 143.000. Les industriels sont les premiers responsables de l’utilisation de ces produits. Maintenant, il faut de réels informations pour les professionnels concernés, notamment au niveau de l’obligation de substitution ».Le tout nouveau directeur de l’Afsset s’est ensuite attardé sur les critiques essuyées par REACH dernièrement, et notamment sur le coût de cette opération, alors que l’Europe et le monde traversent une période de crise sans précédent : « REACH est critiqué à cause de la crise. Sur quels produits veut-on que reparte la croissance ? Ce que nous savons, c’est que REACH va coûter entre 2,8 et 5,2 milliards d’euros, mais en rapportera 91 sur trente ans, rien qu’en bénéfices ».

CMR : 31 substances fichées
Outre l’aspect financier, Martin Guespereau s’est également appliqué à répéter que REACH devait être présent dans les esprits dès maintenant : « REACH ne représente pas que des perspectives lointaines. Ainsi, parmi les 350 produits à bannir (liste dressée par un ensemble d’ONG), l’Afsset en a choisi 24 sur lesquels elle va travailler, et a transmis leurs noms au ministère. Aussi, l’Afsset gère en ce moment deux dossiers de restriction. Le premier concerne la présence de plomb dans certains bijoux fantaisie, et l’autre le dimethyl fumarate, rendu célèbre de par sa présence dans certains canapés importés ».Autre domaine de la chimie abordé avec insistance, les CMR et leur substitution. « A l’heure actuelle, 31 substances ont leur fiche. Cela représente un travail énorme. Plus de 186.000 salariés sont tous les jours exposés à des produits mutagènes », précise Martin Guespereau, qui poursuit : « Cela représente un énorme travail car il faut également suivre les effets des substituants eux-mêmes et avoir un retour sur la qualité de la subsitution ».
« Construire des outils »
L’Afsset a pour vocation également de construire des outils. Ainsi a été créé le RNV3P, soit le Réseau National de Vigilance et de Prévention des Pathologies Professionnelles. Cette énorme base de données recense 100 000 cas balayant :
  • les pathologies dominantes sans la sphère professionnelle (recrudescence des risques psychosociaux par exemple) ;
  • les maladies respiratoires (elles concernent 20% de la population et en 1er lieu les hommes) ;
  • les TMS et les problèmes de peau.
Cet outil permet :
  • de donner de la visibilité,
  • de repérer les maladies émergentes (ex. les cancers respiratoires),
  • d’aider les autres établissements pour enrichir leur expérience,
  • d’avoir une base pérenne et « experte ».
Après la chimie, le directeur de l’Afsset a développé des axes de travail relatifs aux agents physiques, et notamment les études liées aux radiofréquences, pour lesquelles le travail est en grande partie lié « à de la synthèse scientifique, plus de 500 articles ont déjà été publiés sur le sujet ». Les nanomatériaux ont également été abordés, avec la sortie prochaine d’un rapport de l’Afsset sur le sujet, qui se concentrera sur la problématique des cycles de vie.

Un souci de transparence et de valorisation des partenaires
Dans un troisième temps, c’est l’eau qui a focalisé l’attention : les PCB, les métaux lourds, les eaux de baignade, les résidus de médicaments dans le cadre des perturbateurs endocriniens, ou encore la réutilisation des eaux usées. Au-delà des axes de recherche présents et futurs, la direction de l’Afsset a tenu à rappeler les principes de l’agence, à savoir :
  • Une agence 100 % publique par souci d’indépendance ;
  • Communication des résultats au grand public avant de le faire auprès des instances par souci de transparence ;
  • Un modèle d’expertise hors sol afin de faire appel à toutes les compétences, rassembles des disciplines multiples et valoriser les partenaires.
En conclusion, Martin Guespereau a rappelé quatre axes de travail, prioritaires pour l’Afsset :
  • Donner la priorité aux scientifiques : faire venir les meilleurs, valoriser leurs travaux, renforcer le réseau d’experts (NB : les 400 experts que sollicite l’Asset ont publié une « Déclaration publique d’intérêt » pour être accepté comme expert) ;
  • Introduire les sciences sociales dans l’abord des problématiques (colloque à venir les 6 et 7 juillet : « Gouverner l’incertitude ») afin de « confronter les théories à la réalité » ;
  • Passer le relais aux préventeurs en organisant des réunions et des évènements pour la recherche d’impact en passant à la normalisation ISO9001 ;
  • S’ouvrir à la société civile en prenant en compte les acteurs émergents et en favorisant le dialogue (influence d’internet).

Posté le par La rédaction


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