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Décryptage

Rénover le dépistage du mélanome cutané avec « Gigapixel »

Posté le par La rédaction dans Innovations sectorielles

L'université Duke et la DARPA unissent leur force pour créer un dispositif photographique unique, « Gigapixel », afin d'améliorer le dépistage des mélanomes cutanés tout en favorisant la télémédecine.

Parmi les différentes formes de cancer de la peau – les sarcomes, les mélanomes et autres carcinomes – le mélanome cutané est celui présentant le taux de mortalité le plus élevé. Pourtant, s’il est dépisté suffisamment tôt, le mélanome est presque toujours guérissable. Une équipe de chercheurs américains a mis au point un nouvel outil photographique capable de fournir des images à très haute résolution de la peau d’un patient, afin d’aider les médecins dans leur travail de dépistage, et peut-être ainsi permettre d’inverser la courbe du nombre de décès en France et dans le monde, en constante augmentation.

Le mélanome cutané en quelques chiffres

Les chiffres ont de quoi faire frémir : avec 1620 décès pour 9780 nouveaux cas répertoriés dans l’hexagone en 2011, et 1672 décès pour 11 176 nouveaux en 2012, le mélanome cutané est un véritable problème de santé publique. Sa progression est effarante, le nombre de cas ayant plus que triplé ces trente dernières années – l’incidence en France est même passée de 2,5 à 10,8 pour 100 000 hommes entre 1980 et 2012, et de 4 à 11 pour 100 000 femmes sur la même période.
Aux États-Unis, le mélanome est le cinquième type de cancer le plus répandu, mais c’est également le cancer de la peau présentant la mortalité la plus élevée, totalisant à lui tout seul plus de 75 % des cas de décès dus à un cancer de la peau.

Derrière « Gigapixel », l’université Duke… et la DARPA

Développé par une équipe de chercheurs de l’université américaine de Duke, en Caroline du Nord, le « Gigapixel » est un appareil à la trajectoire étonnante. Conçu sous la houlette de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), agence affiliée au Département de la Défense américain, et chargée de la recherche et du développement des nouvelles technologies destinées à des fins militaires, le « Gigapixel » devait venir grossir les rangs des outils mis à la disposition de l’armée américaine. Il n’en est pourtant rien : le dispositif devrait pouvoir aider à dépister plus tôt certains cancers de la peau, et ainsi sauver des vies, en fournissant une image exploitable en haute définition de la peau d’un patient.

Un objectif pour 34 micro-caméras disposées en dôme

Au premier abord, l’appareil semble n’être pourvu que d’un gros objectif tout simple, encastré dans un imposant caisson métallique. Mais l’objectif cache bien son jeu, puisqu’il dissimule sous son capot l’équivalent de trente-quatre petites caméras, dont la disposition pourrait rappeler un télescope et ses oculaires. L’agencement de ces 34 micro-caméras ne doit rien au hasard : l’organisation en dôme vient corriger les imperfections et les irrégularités dues à l’objectif, tout en fournissant une image continue du sujet photographié. Le temps d’exposition et la mise au point de chaque mini-caméra peuvent se régler de manière indépendante, et un ordinateur réalise un examen préliminaire des images afin de déterminer si certaines zones pourraient nécessiter une plus grande attention de la part d’un spécialiste.
« L’appareil est conçu pour débusquer des lésions qui pourraient être indicatrices d’un cancer de la peau, ces lésions pouvant se trouver à un stade moins avancé que celles dépistées par les techniques actuelles d’examen », explique Daniel Marks, l’un des co-responsables du projet. « Normalement, un dermatologue examine soit une une petite région de la peau avec force détails, ou une plus grande région avec des images basse résolution », continue-t-il. Ici, « Gigapixel » devrait offrir bien plus qu’un simple compromis.

Encourager la télémédecine avec une alternative à la dermatoscopie digitale

Bien que l’utilisation de la photographie d’un corps entier pour différencier les mélanomes des lésions dites stables ne présente pas en soi une nouveauté, l’approche est généralement limitée par la résolution de la caméra utilisée. Un simple grand angle est insuffisant pour ensuite permettre au dermatologue de zoomer là où il le désire. Le spécialiste se replie donc souvent sur la dermatoscopie digitale, une technique qui va révéler – sur une très petite zone de peau – les microstructures et les couleurs invisibles à l’œil nu. Bien que la résolution de Gigapixel soit inférieure à celle du meilleur dermatoscope, elle reste bien supérieure à celle d’un appareil standard ; autre avantage, cet appareil encourage la pratique de la télémédecine, le spécialiste n’ayant pas nécessairement besoin d’être présent pour établir un diagnostic.

Par Moonzur Rahman

Posté le par La rédaction


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