La récupération d’énergie mécanique ambiante à petite échelle (puissance mise en jeu de l’ordre de quelques dizaines de microwatts à quelques milliwatts) présente un intérêt croissant dans des domaines d’application très variés : industrie, transports (biens, personnes, énergie), domaine médical, grand public, etc. Cet intérêt est lié au développement d’une grande variété de dispositifs électroniques autonomes, qui sont pour la plupart alimentés par des piles ou des batteries rechargeables. L’énergie mécanique est présente dans la plupart des environnements, sous différentes formes et avec différentes caractéristiques. Capter et convertir cette énergie mécanique ambiante en électricité peut permettre d’augmenter la durée de vie des piles, d’espacer la recharge des batteries, voire même de se passer de stockage d’énergie dans certains cas.
Plusieurs technologies de conversion d’énergie mécanique en électricité peuvent être considérées pour ce type d’applications. Les plus classiques reposent sur les principes de transduction magnétodynamique, piézoélectrique et électrostatique. Cet article s’intéresse spécifiquement à la transduction piézoélectrique, qui présente de nombreux avantages pour la récupération d’énergie des vibrations mécaniques ambiantes à petite échelle : simplicité de mise en œuvre, compacité, densité d’énergie élevée, rendement élevé dans une large gamme de fréquence. Le développement de systèmes de récupération d’énergie compacts et efficaces utilisant des transducteurs piézoélectriques nécessite toutefois des circuits d’interface adaptés. Du point de vue électrique, un transducteur piézoélectrique ne se comporte pas comme un générateur de tension ou de courant idéal, mais comme un générateur avec une impédance interne dont le module et la phase varient assez fortement. En outre, l’amplitude des grandeurs électriques générées par effet piézoélectrique dépend des vibrations ambiantes et peut également varier dans de larges proportions. Pour toutes ces raisons, l’extraction optimale de l’énergie électrique générée par transduction piézoélectrique nécessite des circuits d’interface adaptés et des principes de commande spécifiques, qui sont exposés dans cet article.
Malgré un rendement de conversion élevé, le couplage électromécanique d’un dispositif piézoélectrique de récupération d’énergie peut s’avérer relativement faible suivant les matériaux utilisés et la structure mécanique mise en œuvre. Dans ce cas, des circuits d’interface spécifiques sont proposés pour augmenter très significativement le niveau de la puissance électrique récupérée. Du point de vue énergétique, l’effet de ces circuits est assimilable soit à une amélioration des propriétés de transduction électromécanique du dispositif piézoélectrique, soit à une meilleure maîtrise des échanges d’énergie (dont la partie réactive). Dans le cas de résonateurs piézoélectriques à fort couplage électromécanique, certains de ces circuits d’interface permettent d’optimiser la puissance tout en offrant la possibilité de modifier la fréquence de résonance des systèmes de récupération d’énergie. Ce degré de liberté supplémentaire offre ainsi une meilleure adaptabilité aux variations de fréquence et d’amplitude des vibrations mécaniques ambiantes.
Les méthodes d’extraction d’énergie présentées dans cet article soulignent le rôle fondamental du circuit d’interface sur le fonctionnement global du système de récupération d’énergie. Elles visent à éclairer les choix concernant les circuits d’interface, de manière à aider au développement de systèmes de récupération d’énergie performants. Cet article contribue ainsi à relever les défis techniques, économiques et environnementaux rencontrés dans le développement des dispositifs électroniques autonomes.
Le lecteur trouvera en fin d'article un glossaire et un tableau des symboles et des sigles utilisés.